Cet article fait suite à celui de juillet dernier : http://cheminsantiques.blogspot.fr/2015/07/salomon-terrasse-la-femme-ou-le-dragon.html
Dans
cet article, j'exposais notamment ma découverte d'un motif
iconographique représentant Salomon à cheval terrassant de sa lance
la reine des démons. Ce motif pouvait être à l'origine de celui de
saint Georges terrassant le dragon. Or, j'ai découvert récemment
que l'Antiquité nous fournit bien d'autres variantes du même
motif. En voici deux :
- Le
cavalier « à l'anguipède », motif iconographique
gallo-romain représentant le dieu Jupiter-Taranis terrassant un être
à buste humain et à queue de serpent.
Cf.
par exemple : https://fr.wikipedia.org/wiki/Anguip%C3%A8de
- Un
motif de l’Égypte antique tardive (« égypto-romain »,
aimerais-je dire, sur le même modèle que « gallo-romain »),
qui représente le dieu Horus à cheval terrassant un crocodile.
Cf.
par exemple : http://www.louvre.fr/oeuvre-notices/horus-cavalier
Le
même motif se retrouve donc dans les civilisations chrétienne,
hébraïque, celtique, égyptienne, et certainement d'autres que je
n'ai pas encore découvertes! Il est assez fréquent qu'un motif
iconographique ou légendaire se retrouve ainsi dans plusieurs
civilisations, et il est en général assez hasardeux d'essayer
d'établir des filiations : ces filiations s'apparentent de toute
façon bien moins à un arbre généalogique qu'à une toile
d'araignée, où les influences sont multiples et réciproques...
Concernant
la « force maléfique terrassée », ce sont les
différences qui frappent au premier abord. Pourtant, démons et
dragons sont souvent assimilés. Le serpent, lui, est une variante du
dragon. C'est aussi une force chthonienne (de la terre), ce qui peut
expliquer la position « à terre » de cet être dans ces
images, tandis que le héros, qui domine du haut de son cheval se
rapproche d'une force céleste. On pourrait à ce sujet partir dans
une longue réflexion poétique et philosophique sur le sens du mot
« terrasser »...
Le
crocodile est en lien très étroit avec le dragon. Le mot hébreu
pour dire « crocodile » est « léviathan »:
il a été décrit dans la Bible au livre de Job (40-41) et, cette
description semblant à certains commentateurs trop peu correspondre
à un banal crocodile, le mot en est venu à désigner le diable, et plus précisément le diable sous forme de dragon. D'ailleurs, certains
textes du Moyen Age que je suis en train d'étudier et qui décrivent le
dragon de sainte Marguerite s'inspirent directement de ce texte du
livre de Job. Enfin, toujours au Moyen Age, les voyageurs occidentaux
partis en pèlerinage en Terre Sainte et qui passaient par l’Égypte
en ramenèrent souvent des peaux de crocodile que l'on exposait dans
les églises comme des peaux de dragons.
Quant
à l'anguipède, cet être hybride est une figure masculine, mais qui
fait écho à ces nombreuses figures féminines de femmes-serpent ou
femmes-dragons : les vouivres, Mélusine, ou le duo ambigu d'Eve et
du serpent tentateur.
Bref,
les forces du mal n'ont qu'à bien se tenir, il y aura toujours « un
cavalier qui surgit hors de la nuit » pour les terrasser!
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