jeudi 29 novembre 2012

Le plan de métro de l'Empire romain

Connaissez-vous la table de Peutinger? Oui? Non? Bon, je vous résume de quoi il est question.

L'objet matériel que nous possédons date du XIIIe s., le nom de Peutinger vient de l'humaniste du XVIe s. qui l'a possédé et étudié. Mais surtout, c'est la copie d'un document antique, dont on ne peut vraiment dater un « original », vu que plusieurs versions se sont succédées avec des mises à jour partielles (ce qui fait qu'on y voit à la fois Pompéi, détruite en 79 ap. JC et Constantinople, fondée en 328 ap. JC!).

De quoi s'agit-il? Une carte de l'Empire romain... Eh non! Pas une carte! En effet, les distances, les proportions, les directions ne sont pas respectées, et c'est à dessein, car le but est d'indiquer des itinéraires pour les voyageurs. Si on avait voulu représenter tout l'Empire romain avec les bonnes proportions, il aurait fallu un document immense, impossible à plier ou à rouler, tandis que là, c'est un assemblage de douze parchemins mis bout à bout, qui devait être aisé à rouler.

Pour mieux comprendre le principe, vous pouvez penser à un outil moderne qui utilise la même méthode que la table de Peutinger : il s'agit de ces plans de lignes de bus ou de métro, que vous avez dans le véhicule lui-même, souvent au-dessus de la porte : l'itinéraire d'un terminus à l'autre y est représenté par une ligne droite, alors que le trajet réel fait des courbes, la distance entre les stations y apparaît égale, alors qu'elle peut être très variable, surtout entre le centre-ville et la banlieue. Pourtant, le voyageur comprend : il n'a pas besoin d'une vraie carte, mais d'un outil pratique qui lui permette de retrouver son itinéraire. C'est exactement le principe de la table de Peutinger.

Pour plus d'informations, voyez la page « Wikipédia » sur la table de Peutinger, qui est plutôt bien faite.

Ajout le 29 août 2013 :
Ou plutôt, pour aller plus loin et comprendre quelle était probablement la véritable fonction de la Table de Peutinger, je vous invite à consulter l'article qui y est consacré dans le blog de Philippe Cibois, La question du latin :
http://enseignement-latin.hypotheses.org/4459 

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Si je vous en parle aujourd'hui, c'est pour vous signaler l'existence d'un site internet remarquable, qui a traité les informations de la table de Peutinger par informatique, pour en faire un site un peu semblable à ce qu'est le site « Vianavigo » pour les Franciliens (qui vous donne un ou plusieurs itinéraires possibles en transports en commun d'un point à un autre d'Ile-de-France, avec le temps de parcours et le nom des stations). Encore une fois, me voilà à comparer le réseau routier de l'Empire romain à un réseau de métro moderne!

Bref, voici le site : « Omnesviae » (ce qui signifie « toutes les voies »)

D'abord, prenez le temps et le plaisir d'explorer la carte que les auteurs du site ont reconstituée. Vous pouvez zoomer ou prendre de la distance, c'est le même principe que sur « Google Map » ou « Google Earth ». Posez votre souris sur le point représentant une ville, vous avez son nom latin (cela vous sera utile tout à l'heure). Cliquez sur ce point, une bulle s'ouvre qui vous indique un lien vers un autre site où vous pouvez voir le détail correspondant de la vraie table de Peutinger.

Une fois que vous avez fait ce petit tour de reconnaissance, allez-y, lancez-vous! Tous les trajets sont permis! Pour moi, mon trajet préféré est celui qui va de Mandeure (en latin Epomanduo), petite ville romaine (on peut encore y voir un théâtre assez bien conservé sous sa couche de gazon) la plus proche du Pays de Montbéliard, d'où est originaire ma famille maternelle, à Babylone, ville de l'Antiquité la plus proche de Najef, d'où est originaire ma famille paternelle. Allez, vous me suivez? « Ab Epomanduo ad Babylonia » (« De Mandeure à Babylone ») (d'ailleurs, l'accusatif et l'ablatif ne sont pas respectés, mais ça compliquerait les choses inutilement), je clique sur « Ostendere » (« Montrer »). Résultat :

Sur la colonne de gauche :

« Iter brevissimum

Ab 'Epomandvo' ad 'Babylonia'
Summa MMMVI Milia Passuum / Leuga Gallica.
Fere CCI dies. »

c'est-à-dire : « Chemin le plus court de Mandeure à Babylone. En tout 3006 milliers de pas / lieues gauloises [on ne peut pas convertir en km, car les distances indiquées sur la table de Peutinger étaient selon les régions soit en « milliers de pas » (1481m) soit en lieues gauloises (2415m)]. Environ 201 jours. »

Puis l'itinéraire précis, avec le temps de trajet entre chaque ville, les auberges, les grands centres urbains, les fleuves à traverser, les montagnes à franchir.

A droite, la carte, où l'on peut retrouver l'itinéraire pas à pas, par rapport à la géographie moderne.

Personnellement, cela me donne follement envie de prendre un sac à dos et de faire une grande randonnée en suivant ces itinéraires. Pour « Mandeure-Babylone », je ne sais pas si ce sera un jour possible, hélas... En attendant, on peut faire de petits trajets en France. Par exemple, « Lutèce-Mandeure », 18 jours...

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vendredi 9 novembre 2012

Cicéron, le retour

Vous vous souvenez sans doute de l'article que j'avais écrit il y a déjà quatre ans et demi (que le temps passe!) sur Cicéron :
http://cheminsantiques.blogspot.fr/2008/02/cicron.html

J'y avais montré l'ambiguïté de la figure de ce grand homme, lâche et opportuniste par certains aspects, noble et courageux par d'autres.

Si j'y reviens aujourd'hui, c'est que je viens de rencontrer à nouveau Cicéron, complètement par hasard, en même temps, dans deux œuvres de fiction fort différentes, et que cette confrontation m'a amusée.

Je viens de finir la lecture un peu rude (surtout que je l'ai effectuée dans la langue de Shakespeare), mais passionnante d'Imperium de Robert Harris (2006). Ce roman historique est une biographie fictive de Cicéron par son affranchi et secrétaire Tiron. Les défauts de Cicéron, notamment son opportunisme, n'y sont pas cachés, mais sont traités avec un certain humour et le font selon moi ressortir d'autant plus humain. Ses qualités aussi sont là (il sait même renoncer à son opportunisme). Mais le fil conducteur du roman, c'est surtout de nous montrer le pouvoir de l'éloquence : comment, à plusieurs reprises, uniquement grâce à son éloquence, Cicéron est parvenu à des résultats (comme faire condamner un coupable notoire, mais riche et influent, ou se hisser lui-même, sans richesses ni ancêtres de renom, au sommet de l'Etat) qui n'étaient pas prévus dans le monde de la politique romaine aux rouages bien huilés par les trafics d'influences, les lobbies et les mafias.

Or en même temps que je lisais ce roman pour moi, j'ai lu (c'était beaucoup moins long heureusement!) à ma fille C'est quoi ce cirque? (2005), 4e épisode de la série « Les enfants du Nil » d'Alain Surget. J'aime bien l'écriture d'Alain Surget ; j'ai aussi lu de lui, pour mes collégiens, Un royaume pour un cheval, qui raconte le siège d'Alésia  et Le renard de Morlange, qui se passe au Moyen Age. Outre qu'il adopte un point de vue souvent original, qui nous change des énièmes romans historiques pour la jeunesse à la Evelyne Brisou-Pellen (que j'aimais bien au début, mais depuis qu'elle écrit trois ou quatre livres par an, cela devient n'importe quoi!), il a un humour qui ne déplaît pas aux lecteurs adultes, et des personnages, surtout féminins, qui détonnent : des râleuses de premier ordre, débrouillardes, efficaces et qui ne se laissent pas marcher sur les pieds!

Mais revenons à Cicéron, parce que là, Alain Surget m'a fait rire, mais rire jaune. Quelle première approche ma fille aura eu de mon grand héros romain! Les trois enfants héros de la série (et amis fidèles de Cléopâtre), venus à Rome, ont repéré un « homme au nez en bec d'aigle » qui leur a paru plus que suspect. Ils sont persuadés que celui-ci cache une arme dans les plis de sa toge, aussi quand il s'approche un peu trop de Cléopâtre, il le poussent violemment dans le bassin de l'atrium (nous sommes chez César). Du coup, Cicéron (car c'était lui!), vexé, se fâche avec César et Cléopâtre (c'était donc pour ça!!!) et en veut tellement à nos gentils petits héros qu'il les perd volontairement dans les rues mal famées de Subure (qu'est-ce qu'il est méchant!).
Mais ce qui m'a le plus fait rire, parce que cela, ça colle vraiment bien à l'image de Cicéron (l'homme qui a dit « Cedant arma togae », « Que les armes reculent devant la toge », c'est-à-dire devant le pouvoir de l'éloquence), c'est quand César interloqué explique aux enfants qu'ils ont poussé dans l'eau « Cicéron, le plus célèbre avocat de Rome » : l'un des enfants s'écrie qu'il cachait une arme sous son vêtement et Cicéron s'indigne en sortant un rouleau dégoulinant : « Pas du tout! C'est un papyrus! »

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jeudi 6 septembre 2012

Un pinceau embarrassant.

Je suis tombée ces derniers jours sur une lettre de Cicéron, Ad familiares, IX, 2 : il y explique l'étymologie du mot « penicillus » (pinceau) : « petit pénis », par métaphore.
Caudam antiqui « penem » uocabant, ex quo est propter similitudinem « penicillus ».
Nos pères désignaient le membre viril par le nom de « penis », d'où est venu « penicillus » (pinceau), à cause de la ressemblance.
C'est donc aussi l'étymologie de « pinceau » en français et en anglais de « pencil » ou « pen », à savoir des mots employés quotidiennement.
Je trouve amusant qu'on essaie toujours, et depuis l'antiquité (c'était d'ailleurs le sujet de la lettre de Cicéron), de ne pas prononcer les mots embarrassants, qu'on emploie des métaphores (ainsi, pour l'objet qui nous occupe, de la queue au petit oiseau, sans parler de toutes celles inventées dans les langages poétiques et argotiques) et que finalement le mot que l'on chasse par la fenêtre rentre par la grande porte puisque nous le prononçons tous les jours pour un objet d'usage courant!

NB : Et la pénicilline? Même origine : son principe est extrait d'un champignon à la forme évocatrice...

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vendredi 3 août 2012

Changez de vie, changez le monde : allez à Tarse!


L'Asie Mineure, toujours l'Asie Mineure!...
Je vous avais emmené en Commagène, à l'est, presque dans le continent, à la frontière de la Syrie et de la Mésopotamie, découvrir des statues monumentales et un fascinant écrivain grec, Lucien de Samosate :
Je vous avais emmené sur la côte ouest, en Phrygie à la découverte du roi Midas et en Lydie à la découverte du roi Crésus :
… et aussi en Lydie à l'occasion de la chute de Sardes à cause d'un casque tombé d'une falaise :

Aujourd'hui, c'est sur la côte sud que je vous emmène, en Cilicie, plus exactement dans la ville de Tarse.
C'est une ville qui n'est pas extrêmement célèbre et pourtant on en parle à l'occasion de deux situations célèbres.

En 41 av. JC, Marc Antoine, ancien bras droit de Jules César (assassiné quatre ans plus tôt), rallié bon gré mal gré à Octave contre les Républicains, fait à Tarse la rencontre de Cléopâtre, reine d'Egypte, de la famille macédonienne des Ptolémées. Et c'est un coup de foudre! Quand je parle de coup de foudre, ce n'est pas seulement que des intérêts politiques supérieurs les amenaient à collaborer et qu'en prime ils se sont plu (comme cela avait été le cas plus tôt entre cette même Cléopâtre et Jules César), mais d'après les sources antiques (Plutarque, essentiellement, ainsi que d'autres auteurs grecs et latins) il semble bien qu'il se fût agi d'un véritable coup de foudre. Pourquoi à Tarse? Antoine s'occupait alors de l'Orient de l'Empire romain (tandis qu'Octave s'occupait de l'Occident). Il avait convoqué plusieurs vassaux orientaux de Rome (dont l’Égypte de Cléopâtre) et Tarse, sur la côte sud de l'Asie Mineure, était en quelque sorte un point central de l'Orient, accessible par terre ou par mer.

Quatre-vingt ans plus tard, entre 37 et 40 ap. JC, le juif Saul quitte Tarse, sa ville natale, pour se rendre à Damas et y persécuter les Chrétiens. Sur le chemin de Damas, il a une illumination, la vision de Jésus Christ, se convertit au Christianisme et devient Paul, et même saint Paul. On a surtout retenu de cette célèbre conversion qu'elle avait eu lieu « sur le chemin de Damas », mais on oublie que ce chemin partait de Tarse.

Je trouve le lien entre ces deux histoires très frappant. D'abord, moins d'un siècle s'est écoulé entre les deux événements : il est fort probable que des habitants de Tarse ayant fréquenté Paul aient eu des grand-parents ayant fréquenté Antoine.
Mais surtout, dans les deux cas, une (ou deux) personnes ont eu une illumination qui a radicalement changé le cours de leur vie ; mais pas seulement : aussi le cours de l'histoire mondiale.
S'il n'y avait pas eu de coup de foudre entre Antoine et Cléopâtre, Antoine aurait peut-être été plus réactif face à Octave : l'empire romain aurait été plutôt oriental qu'occidental (c'est la thèse du docufiction « Rêve d'empire » diffusé sur Arte en juin 2011).
Si Paul n'avait pas été converti à la nouvelle secte conduite par Jésus, elle ne se serait peut-être pas autant répandue ; c'est en effet lui l'un des acteurs principaux de l'extension de la religion chrétienne à tout l'Empire romain.

Tous ces points communs et ces grandes histoires donnent envie d'écrire un roman historique qui se déroulerait à Tarse... A suivre...

En attendant, voici le texte de Plutarque : ce sont les chapitres 26 et 27 de la Vie d'Antoine, que vous pouvez lire ici :
Et pour la conversion de Paul, ce sont les Actes des Apôtres, chapitre 9, versets 3-19, ainsi que chapitre 22, versets 6-11. Vous pouvez lire ces passages ici :


En relisant ces deux textes, je constate d'ailleurs un autre point commun, par lequel Cléopâtre a impressionné Antoine comme Dieu a impressionné Paul : c'est une profusion de lumière...

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mercredi 11 juillet 2012

La poésie latine sur YouTube


Maintenant que je suis dotée dans ma salle d'un ordinateur et d'une paire d'enceintes (pas encore d'un vidéo-projecteur, et ne parlons pas d'un Tableau Numérique Interactif, mais c'est déjà un progrès!), je peux l'utiliser pour montrer à mes élèves comment on scande vraiment la poésie latine ; je ne sais moi-même le faire qu'assez laborieusement ; or on trouve sur YouTube des exemples de « scandeurs » assez doués, par exemple ici :
« The Rhythms of Latin Poetry: Hexameter »

Or, de fil en aiguille, comme il arrive souvent quand on explore au hasard les sentiers (pas toujours très fleuris, mais parfois si) de YouTube, je suis tombée sur toutes sortes d'interprétations modernes des poèmes les plus célèbres de la littérature latine. Je ne vous embarrasserai pas d'une kyrielle de liens, surtout que chacun selon sa sensibilité peut avoir ses préférences. Pour ceux d'entre vous qui sont professeurs et que de telles expériences intéresseraient, tapez par curiosité dans YouTube, « Tityre tu patulae », « Tu ne quaesieris » (ou « Ad Leuconoen »), « Vivamus mea Lesbia », « Odi et amo », ou tout autre hit-parade de la poésie latine qui vous viendrait à l'esprit et savourez les résultats.

Je vous en ferai juste partager deux que j'ai trouvés particulièrement originaux :

« Poesía latina: Virgilio, Buc. 1 (Tytire, tu patulae) » (Montaje de Francisco Manzanero: El poeta Virgilio recita unos versos de las Bucólicas. )
Le concepteur de cette vidéo, Francisco Manzanero, a confectionné une animation en 3D à partir d'un buste de Virgile qui s'anime, bouge les lèvres et les paupières, et semble ainsi nous dire lui-même son poème le plus célèbre. J'ai trouvé cela drôle, mais les élèves n'ont pas trop aimé ; la statue vivante leur a plutôt fait peur, ils regardent sans doute trop de films d'horreur!

« Odi et amo » (Music and Video by Lee-Sean Huang based on a poem by Catullus, Featuring vocals by JC Cassis )
C'est très spécial : le très célèbre et très court poème de Catulle, « Odi et amo. Quare id faciam, fortasse requiris. Nescio, sed fieri sentio et excrucior. » (« Je hais et j'aime. Comment c'est possible, tu me le demanderas peut-être. Je ne sais, mais je le sens et j'en suis crucifié.) a été ici mis à une sauce de graphisme vidéo moderne d'inspiration manga (l'auteur est apparemment japonais, bien que son nom me semble plutôt coréen). En résumé, je dirais que ça fait mal aux yeux et mal aux oreilles. Je m'attendais à un tollé de protestation de la part de mes élèves. Or, surprise, cette vidéo a provoqué chez eux un engouement sans précédent! Ils ont aussitôt voulu le revoir une deuxième fois, malgré sa relative longueur ; à peine rentrés chez eux ils se sont jetés sur internet pour le revoir encore, et le lendemain ils savaient tous le poème par cœur avant même que je ne leur demande de le faire!

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jeudi 28 juin 2012

Les modes changent, le latin demeure.


Certaines réactions des élèves sont inattendues, parfois en lien étroit avec une actualité très ponctuelle qui disparaît à nouveau très vite. Ainsi, cette année, tous les élèves connaissent le célèbre refrain du rappeur la Fouine « Veni vidi vici » (et quelques uns savent que Jules César y est aussi un petit peu pour quelque chose...).

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Mais dans la série des mots latins qui ont pu susciter des réactions différentes au fil des années de ma déjà un peu longue carrière, celui qui a le plus changé est sans conteste le mot « iter, itineris (n.) », qui signifie le chemin, la voie.

J'ai commencé à enseigner en collège en 2001. A cette époque, cela ne faisait qu'un an qu'Orange avait racheté Itineris, aussi les élèves me disaient « Ah! Comme le téléphone! ».

Un an plus tard, en 2002 sortait Astérix et Obélix : mission Cléopâtre, dans lequel un personnage avait été baptisé Itineris, en référence évidente avec le téléphone, dans la pure tradition goscinnienne de jeux de mots avec l'actualité. En recherchant sur internet (car j'ai un peu oublié ce film), je tombe sur une réplique qui ne laisse aucun doute : « Itineris a raison de ne pas se l'SFR »!!! Sauf que, les téléphones ne s'appelant en fait déjà plus Itineris, la très jeune génération ne comprit même pas le jeu de mots. En revanche, le film eut un succès immense auprès d'eux. Si bien que dans les années qui suivirent, les élèves me disaient : « Ah! Comme dans Astérix, mission Cléopâtre! ». Mais ce film lui-même est aujourd'hui passé de mode.

Cette année, j'ai été presque surprise quand un élève m'a simplement dit « Ah! Comme un « itinéraire »! »

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mercredi 20 juin 2012

Réinventer l'histoire antique : blague ou réflexion sérieuse?


« Et si... » Et si telle chose s'était passée ou ne s'était pas passée... C'est une tentation et un plaisir de réécrire l'histoire en imaginant d'autres cheminements possibles. C'est avant tout amusant. Mais parfois, cela peut aussi être instructif.

Ainsi cet article sur la première voiture possible : 
(l'article est en anglais assez clair, mais pas très facile à comprendre si l'on n'est pas très au fait des techniques de l'automobile, mais il y a des reconstitutions en 3D qui sont très parlantes)

C'est une pure imagination, mais elle est extrêmement bien documentée. L'auteur de l'article s'est astreint à n'utiliser que des technologies connues par les Grecs et à imaginer jusque dans la forme de la voiture quel aurait été son aspect le plus vraisemblable.

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Dans un tout autre style, mais se réclamant aussi d'une réécriture de l'histoire très bien documentée, j'en profite pour citer ici l'une de mes lectures préférées de l'année écoulée. Il s'agit d'un roman de Javier Negrete, Alexandre le Grand ou les Aigles de Rome (2007, traduction française 2009). L'auteur y imagine ce qui se serait passé si Alexandre n'était pas mort en 323 av. JC et s'était trouvé confronté à l'armée romaine. Outre que c'est un roman haletant, bien écrit, drôle, je connais assez bien certains sujets du livre pour me rendre compte que à quel point c'est sérieux d'un point de vue historique ; on est un peu dans la veine d'Umberto Eco.

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Voilà comment on peut apprendre beaucoup de choses vraies à travers des histoires fausses.!

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mardi 15 mai 2012

Quand Félix prend parti


Les Gaulois sont à la mode cette année, notamment à travers une excellente exposition à la Cité des Sciences et de l'Industrie, à la fois extrêmement ludique (donc accessible aux jeunes enfants) et énormément documentée (donc pleinement satisfaisante pour des adultes cultivés et curieux). L'un de ses principaux intérêts est de montrer que l'image que nous avons du Gaulois est une construction subjective dont les sources sont multiples, des écrivains romains contemporains des Gaulois dont l'intérêt politique était de valoriser leurs qualités guerrières, mais de rabaisser leur aspect civilisé, à la caricature bon enfant d'Astérix, en passant par les Gaulois symbole de la lutte française contre l'empire germanique au XIXe s., ou encore par Vercingétorix flambeau aussi bien de la Résistance que du régime de Vichy lors de la deuxième guerre mondiale.

C'est avec toutes ces idées fort intéressantes en tête que je préparais il y a quelques mois un cours pour mes élèves de 4e, voulant les faire travailler sur une longue et relativement célèbre phrase d'un général romain du IIe s. av. JC cité par Tite-Live (historien romain du Ier s. av. JC), dans laquelle il décrit l'aspect physique des guerriers gaulois. Comme je le fais souvent en ce cas, surtout que le texte comportait des mots assez rares, j'ai comparé plusieurs traductions françaises.

Or, j'ai été assez surprise de constater que les chevelures « rutilatae » des guerriers gaulois étaient parfois traduites comme « rousses », parfois comme « teintes en rouge », ce qui est loin d'être pareil. Quand aux « tripudia », tandis que les uns en font des « bonds » ou des « trépignements », d'autre en font des « danses ». Naturellement, pour vérifier tout ça, je me tourne vers le Gaffiot, le plus célèbre et le plus utilisé des dictionnaires latin-français, publié par Félix Gaffiot en 1934. Et là, j'ai été plongée dans des abîmes de perplexité!

En effet, l'adjectif « rutilatus » évoque bien l'idée de « teint en rouge » (ou en roux), d'autant plus qu'il est tout simplement le participe passé du verbe « rutilo », « teindre en rouge ou en roux », et qu'il existe un autre adjectif (« rutilus ») pour dire « roux » ; mais... le Gaffiot donne aussi le sens de « roux » (c'est-à-dire roux naturellement, et pas à la suite d'une teinture) avec une seule référence : celle précisément du texte de Tite-Live dont je vous parle!

Quant à « tripudia », le mot désigne exactement une danse comportant des bonds, et il s'est spécialisé dans la désignation d'une danse religieuse exécutée par les Saliens, une catégorie particulière de prêtres romains. Dans le cas des Gaulois., ils s'agit sans doute d'une danse guerrière ritualisée (du genre des « hakas » des guerriers (puis rugbymen) de Nouvelle Zélande!). Or là aussi, Gaffiot nous propose une seule traduction par « bonds » avec une seule référence : encore celle de notre texte de Tite-Live!

Voilà donc que le Gaffiot, que je prenais pour une autorité objective, se permet de prendre parti. Et les conséquences sur le sens du texte n'en sont pas anodines!!! Dans tous les cas, les guerriers gaulois paraissent effrayants, mais dans le cas (vers lequel voudrait nous pousser Gaffiot) de guerriers naturellement roux exécutant des bonds (voire des trépignements, comme des enfants capricieux), ce sont juste des sauvages effrayants par leur nature ; tandis que dans le cas de guerriers aux cheveux teints d'une couleur vive et exécutant une danse ritualisée, ce sont les représentants d'une civilisation, d'une culture.

Comme souvent dans ce blog, la conclusion sera qu'il faut se méfier des idées reçues, et toujours se poser des questions, enquêter et tâcher d'aller aux sources.

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Pour finir, voici le texte en question de Tite-Live, et la traduction (adaptée de trois traductions1) qui me semble la meilleure :


Procera corpora, promissae et rutilatae comae, vasta scuta, praelongi gladii; ad hoc cantus ineuntium proelium et ululatus et tripudia, et quatientium scuta in patrium quendam modum horrendus armorum crepitus, omnia de industria composita ad terrorem.
Leur forte taille, leur chevelure flottante et teinte en rouge, leurs boucliers immenses, leurs épées démesurées, leurs chants de circonstance au moment d'engager le combat, leurs hurlements, leurs danses guerrières, le fracas horrible des armes heurtant les boucliers d'après un usage ancestral, tout est organisé à dessein pour inspirer la terreur.

Tite-Live (Ier s. av. JC), Histoire romaine, XXXVIII, 17 (2-6)
-------------------------
1 La traduction de Nisard de 1864 (donc antérieure au Gaffiot), disponible sur le site Itinera Electronica, la traduction du manuel de latin de 4e de 2011 (Marie Berthelier et Annie Collognat-Barès) et une troisième trouvée sur une photocopie dans mes archives pour laquelle je n'ai malheureusement pas de référence de traduction.


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mardi 1 mai 2012

Google et l'oracle d'Apollon


       La manière dont on effectue une recherche sur un moteur de recherche peut être révélatrice de notre manière de raisonner. J'ai l'habitude – comme, je pense, beaucoup de gens formés à la vieille école des livres, des index et des tables des matières, avant l'ordinateur – de procéder par mots clés. Par exemple, pour une recherche sur les esclaves à Rome, je taperais « esclave Rome Antique ». Or j'ai remarqué que beaucoup d'élèves (et sans doute d'utilisateurs plus âgés) procèdent en posant directement une question à Google, par exemple : « Comment devient-on esclave à Rome? ». Je trouve qu'il y a dans cette attitude quelque chose de très proche de l'homme de l'Antiquité qui interrogeait un oracle!
       Alors, me direz-vous, je devrais me réjouir de ce que mes élèves procèdent comme les hommes de l'Antiquité!
       Hem! Pas tout à fait... D'abord, il est plutôt inquiétant de se positionner face à Google comme face à un dieu.
       D'autre part, tant qu'à imiter les Anciens, il serait bon que l'on tire parti de leurs erreurs aussi, et parmi celles-ci, les erreurs d'interprétation des oracles sont un motif récurrent de la littérature grecque et romaine. Je n'évoquerai que deux des plus célèbres erreurs d'interprétation de l'oracle d'Apollon : Œdipe qui n'avait pas compris de quel père et de quelle mère il s'agissait dans « Tu tueras ton père et tu épouseras ta mère », et Crésus qui n'avait pas compris de quel empire il s'agissait dans « Si tu attaques Cyrus, tu détruiras un grand empire. » (c'était son propre empire!).
       Or les élèves font exactement les mêmes erreurs d'interprétation face aux « oracles » de Google. Je me souviens d'une élève qui devait chercher un tableau du Parmesan représentant un épisode de la mythologie grecque et qui errait consciencieusement dans un site sur les fromages. Et je vous laisse imaginer où sont aller se fourvoyer ceux à qui j'ai eu la mauvaise idée de demander quel poète latin avait célébré la belle « Lesbie »!...

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       Et pourtant, moi aussi, je l'avoue, je suis allée consulter l'oracle! En fait, je me suis rendu compte que taper une question dans un moteur de recherche n'était pas si absurde, dans la mesure où l'on tombe souvent sur des forums de discussion où la question est abordée (avec des réponses d'une qualité variable, certes!). Mais surtout, j'ai compris que cela pouvait se révéler utile pour chercher la définition d'un mot : en effet, taper le mot seul va nous conduire vers des pages qui abordent la notion, mais qui ne la définissent pas, or en tapant « qu'est-ce que... » on a plus de chance de tomber sur une définition.
       Donc, ce jour-là, je me rends au temple oraculaire et je commence à poser ma question : « Qu'est-ce qu'un... » Mais voilà que la Pythie de Google prend les devants et me propose d'emblée les quatre questions les plus posées par les consultants qui m'ont précédée.
       Et là, stupeur! Car ces quatre questions sont (où étaient du moins, le jour où j'ai consulté Google) : « Qu'est-ce qu'un mythe? », « Qu'est-ce qu'un smartphone? », « Qu'est-ce qu'un blog? », « Qu'est-ce qu'un podcast? »
       Étrange et fascinant de trouver le mythe, l'éternel mythe, mêlé aux dernières inventions technologiques du monde moderne... Et encore une fois (et ce n'est pas moi qui le dit, c'est Google!), l'Antiquité, qui a inventé tous les mythes, est plus que présente dans notre monde d'aujourd'hui!...

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mardi 14 février 2012

Monstrueuse monnaie

Un petit peu d'étymologie aujourd'hui, pour rappeler que le monstre et la monnaie ont la même origine en français. Tous deux viennent en effet du verbe latin "moneo" qui signifie "avertir".

Le "monstre", c'est un avertissement des dieux. Pour les Romains, tout phénomène surnaturel était interprété ainsi, que ce soit un phénomène atmosphérique (éclipse ou encore pluie "de sang" (en réalité vraisemblablement chargée de sable rouge du Sahara)) ou la naissance d'un être vivant considéré comme anormal (nain, géant, frères siamois, personnes dotées de six doigts, et autres moutons à cinq pattes) : le sens de "monstre" va ensuite se restreindre à ce type d'êtres, pour dévier ensuite vers l'idée de créature effrayante, voire méchante. On revient beaucoup là-dessus, d'ailleurs, et les "gentils monstres" fleurissent dans la littérature et le cinéma enfantins de ces dernières années. Mais pour les Romains, le monstre n'était ni bon ni méchant, juste un signe des dieux.

Certains dieux étaient plus doués que les autres pour envoyer des messages (ou peut-être plus désireux d'aider les hommes) : je passe sur Apollon, prolifique en oracles, mais qui ont tous été compris de travers par les hommes! Il y a aussi Junon, que les Romains surnommaient précisément "Moneta", "l'avertisseuse". C'est sous cet épithète qu'ils lui ont consacré un temple à Rome. Or, c'est dans ce temple qu'on a pour la première fois battu monnaie. La monnaie fut donc appelée "moneta", d'où notre "monnaie" et le "money" des Anglais.

Le rapprochement des deux termes n'est pas sans susciter de riches réflexions...

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mardi 24 janvier 2012

... ou sa renaissance!

Cet article fait suite au précédent.
J'avais en effet parlé des noms scientifiques en latin dans les domaines de la botanique et de la zoologie. Or il semble qu'il y ait encore du nouveau dans ce dernier domaine, tout particulièrement en ce qui concerne les poissons.
Je suis tombée sur un article dans L'Ardennais :
http://www.lunion.presse.fr/article/autres-actus/nom-scientifique-des-poissons-sur-les-etiquettes-le-poissonnier-en-perd-son-lat
On nous y explique que la Commission Européenne réfléchit sérieusement à faire procéder à l'étiquetage des poissons avec le nom scientifique latin, afin qu'il n'y ait pas de méprises lors des exportations et importations internationales.

Le choc entre cette dernière nouvelle et celle que j'exposais dans l'article précédent est surprenant : au même moment, le latin scientifique perd du terrain dans un domaine et en regagne dans un autre!

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mardi 10 janvier 2012

La fin du latin scientifique?

Vous savez que tous les végétaux portent un nom scientifique international exprimé en latin ou avec des termes latinisés.

J'ai d'abord cru à un changement capital en lisant un article qui expliquait que depuis le 1er janvier 2012, il ne serait plus obligatoire d'utiliser le latin pour les nouveaux noms de plantes :
http://www.sciencepresse.qc.ca/actualite/2012/01/04/plantes-ne-parleront-plus-latin

Mais en essayant de remonter à la source, par exemple sur ce site :
http://knowledge.cta.int/fr/content/view/full/14529
ou encore dans le texte officiel (congrès de Melbourne de juillet 2011) :
http://www.ibc2011.com/downloads/Resolutions%20final%2030%20Jul.pdf (résolution 5),
et en consultant quelques forums, j'ai compris que ce n'est pas du nom qu'il s'agit, mais de la courte description officielle qui accompagne ce nom.

Donc, première bonne nouvelle : le latin (ou du moins une forme latine) est bien toujours d'actualité.
Quant au fait que la description ne soit plus nécessairement en latin, c'est peut-être une nouvelle décevante pour le latin, mais je dois avouer que pour moi, la nouvelle sidérante a plutôt été d'apprendre que jusqu'au 31 décembre 2011, il était encore obligatoire de rédiger cette présentation en latin!!! Le latin était donc bien encore, il y a moins de deux semaines, une langue internationale officielle!

Du coup, je me suis posé la question pour la zoologie... Difficile de trouver, car ce ne sont pas du tout les mêmes instances et rien n'est organisé pareil. Apparemment, pour la zoologie, il n'y a rien de plus récent que le code de nomenclature de 1999, que l'on peut trouver en français en format pdf.
En ce qui concerne les noms, il n'y a pas d'obligation de forme latine, il suffit que le nom soit une suite de mots facilement prononçable. Toutefois, une forme latine ou grecque est recommandée, et des dizaines et des dizaines de pages sont consacrées à des précisions sur les terminaisons du nom, précisions qui sont tout bonnement des règles de grammaire latine!
Quant à la description, il n'en est pas fait mention dans les 150 pages de ce code international de nomenclature zoologique. Sans doute n'était-il plus obligatoire depuis longtemps de la rédiger en latin...

Quoi qu'il en soit, il semble bien que, pour la botanique comme pour la zoologie, le latin ait encore de beaux jours devant lui!

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Toujours la musique grecque

Pour compléter mon message précédent, voici un nouveau lien:
http://www.francetv.fr/culturebox/ensemble-kerylos-la-musique-a-remonter-le-temps-72709

très intéressant, surtout le petit film en bas de la page (un reportage du 20h de France 2), où l'on peut, en un peu plus de deux minutes seulement, entendre le témoignage du papyrologue qui a trouvé le manuscrit dans le grenier du Louvre, découvrir comment on passe d'un manuscrit obscur à une partition moderne, faire connaissance avec la fameuse Anne Bélis, qui est décidément une grande dame, et écouter un peu de musique grecque avec des instruments d'époque reconstitués!...


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mercredi 23 novembre 2011

Alexandre et ses musiciens

Je suis allée voir il y a quelques semaines l'exposition du Louvre sur la Macédoine. J'ai d'ailleurs été un peu déçue, car j'avais compris au départ que c'était une exposition sur Alexandre le Grand (dont l'histoire me passionne, vu qu'elle a donné lieu à de formidables échanges entre Grèce et Mésopotamie). Les objets présentés m'ont toutefois intéressée, mais je n'ai pas pris garde à un petit papyrus minable sur lequel vient de paraître un article passionnant de Thomas Schlesser sur le site de "Rue89" : "Quelle musique écoutait-on sous Alexandre le Grand?" :

http://www.rue89.com/2011/11/22/quelle-musique-ecoutait-sous-alexandre-le-grand-226768

L'article raconte la découverte improbable d'un antique manuscrit trouvé roulé en boule au fond d'une boîte à biscuits dans un grenier du Louvre, or ce manuscrit est une partition musicale que la savante et passionnée Anne Bélis a réussi à reconstituer.

L'article présente aussi l'intérêt d'expliquer de façon simple et claire les rapports entre musique et politique à la cour d'Alexandre.

Enfin, on pourra, toujours sur cette page, écouter la reconstitution musicale de cette partition qui surgit du fond des temps!

Pour ceux qui veulent en savoir plus, un article plus complet, mais abordable d'Anne Bélis elle-même qui rend compte de sa découverte et de sa transcription en 2002 :

http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/crai_0065-0536_2004_num_148_3_22786

Je pense même que cet article d'Anne Bélis pourrait être utilisé avec des élèves pour leur montrer le cheminement d'un papyrus (photo) à son relevé (dessin noir et blanc), puis à sa transcription (texte et partition) pour aboutir à son interprétation.

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mardi 15 novembre 2011

Le collimateur

Alors que je feuilletais un très vieux dictionnaire encyclopédique qui me vient de mon grand-père (d'un certain B. Dupiney de Vorepierre, 1873), en cherchant le mot collège (je cherchais d'éventuelles précisions sur les « collèges » qui apparaissent dans la série télévisée « Rome », sortes de regroupements mafieux), je suis tombée... sur le collimateur! J'avoue que je ne m'étais jamais posé la question de l'origine de l'expression « être dans le collimateur » (de la justice, par exemple). En lisant l'article, j'ai d'abord été émerveillée par la beauté du langage technique, la précision du vocabulaire et des phrases, puis, au fur et à mesure que l'explication gagnait en complexité, amusée de n'y plus rien comprendre, mais ayant toujours envie de poursuivre ma lecture pour goûter la beauté d'un texte presque poétique!
Lisez-le, savourez-le, et vous repenserez avec émotion à ce beau langage technique la prochaine fois que vous lirez un mode d'emploi traduit par un traducteur automatique!



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vendredi 28 octobre 2011

Encore un passeur de savoir : Sosigène d'Alexandrie.


Vous savez comme j'aime ces « passeurs de savoirs », ces hommes (et parfois femmes) qui se sont trouvés à un moment de l'Histoire au carrefour entre deux (voire plus) civilisations, et qui sont malheureusement souvent assez peu connus, précisément parce qu'ils n'ont été « que » des passeurs, pas des inventeurs.
Je vous ai déjà parlé ici

Aujourd'hui, voici un homme au nom obscur, Sosigène d'Alexandrie. Et pourtant, c'est à cet homme que nous devons le calendrier julien. On peut se douter, en effet, que Jules César, en dépit de sa large culture, ne possédait pas un savoir en astronomie poussé au point de concevoir tout de suite la réforme capitale (et bientôt mondiale) qui porte son nom. On sait, donc, qu'il a été aidé et conseillé par un astronome d'Alexandrie du nom de Sosigène. Mais sur ce dernier, on sait peu de choses. Ce n'était probablement pas lui-même un grand inventeur, mais du moins un très bon vulgarisateur qui a su expliquer les dernières découvertes grecques à Jules César.

Cependant (de même que je l'ai fait pour Bérose et Callisthène), on peut beaucoup imaginer :
  • Peut-être Sosigène a-t-il aussi vulgarisé la science grecque pour Lucrèce, qui est contemporain de César, et dont le De Natura Rerum, outre un splendide poème et un grand traité philosophique, est aussi un livre de physique très technique...
  • Peut-être Sosigène était-il le directeur de la fameuse bibliothèque d'Alexandrie...
  • Peut-être est-ce Cléopâtre (qui était aussi une souveraine éclairée et savante) qui l'a présenté à César...
  • Peut-être Sosigène a-t-il suivi César à Rome, comme Cléopâtre et leur fils Césarion...
Je vous laisse poursuivre ces hypothèses et continuer à rêver sur la vie de cet homme inconnu, mais dont la vie ne fut certainement pas banale...

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mercredi 5 octobre 2011

Pourquoi apprendre le latin ou le grec?

J'avais amorcé quelques pistes sur l'intérêt des apprentissages quels qu'ils soient dans un précédent article :
http://cheminsantiques.blogspot.com/2008/10/quoi-sert-il-dapprendre.html

Ma dernière piste concernait le fait de devenir un citoyen responsable et un être humain tolérant. Je suis récemment retombée sur un texte que j'avais pieusement recopié lorsque j'étais étudiante, un extrait d'un ouvrage de Fernand Robert sur l'humanisme. Or ce texte, que j'avais complètement oublié, part de cette même idée et développe les mêmes arguments que ceux que je donne quand on me demande l'intérêt d'étudier les langues anciennes. Bien qu'écrit il y a plus de soixante ans, il est d'une actualité brûlante et, ce qui ne gâche rien, d'un style délicieux.

« Ce qui est excellent, et que les études classiques seules produisent, c’est l’habitude, acquise dès les plus jeunes années, et pour la vie entière, de penser, non seulement que tout est dit, mais que tout a été déjà senti, éprouvé, que rien ne se passe dans notre âme qui ne se soit déjà passé dans d’autres âmes, et depuis qu’il y a des hommes, et qui pensent, et qui sentent.
Ce dont nous avons besoin par-dessus tout dans notre vie morale, c'est de ne jamais nous croire singuliers, et c'est de ne jamais nous sentir seuls. Il n'est pas humaniste, celui qui dit : « Je suis ainsi, et il faut me prendre comme je suis. » Notre premier mouvement est de nous complaire en nous-mêmes, et toute la morale, tout l'apprentissage de la vie en société, c'est de nous guérir de ce mouvement-là.
------------------------------
Vous dites que depuis vingt ans que vous avez quitté le collège, vous n’avez pas ouvert un livre latin ni grec, et que, soudain, aujourd’hui, dans un moment de loisir, la fantaisie vous ayant pris (peut-être pour aider votre fils à faire sa version) de vérifier si vous étiez encore capable de traduire une phrase de Tite-Live, vous avez piteusement échoué. Et vous vous demandez si vraiment il valait la peine de passer six ans de votre jeunesse à un travail si dur, pour un résultat aussi précaire.
Mais jamais, dans vos études, le latin n’a été une fin en soi. Même si, n’ayant pas entretenu votre connaissance des langues mortes, vous êtes complètement incapable aujourd’hui de traduire un texte, et, disons plus, même si vous avez été un cancre pendant vos années de collège et si votre incapacité de traduire date de ce temps-là, du moins avez-vous pris, pendant les six années les plus formatrices, l’habitude de penser qu’aucune situation psychologique n’est nouvelle dans l’histoire de l’humanité. S’il vous est resté, fût-ce très confusément, cette idée que vos états psychologiques, vos émotions, vos sentiments, vos désirs, vos pensées, ne sont point particulièrement, singulièrement vous-même, mais vous apparentent à d’autres hommes, et non point seulement aux hommes de votre temps (ce qui serait encore un genre de singularité), mais à des hommes qui vivaient il y a deux mille ans et plus, alors vos études n’ont pas manqué complètement leur but, car ce qu’elles cherchaient par-dessus tout à produire, c’est cette habitude de votre esprit, qui reste intacte, maintenant que vous ne savez plus traduire.
Là vraiment, il y a quelque chose qui reste quand on a tout oublié, et même quand on n’a pas très bien appris. »

Fernand Robert, L’humanisme, essai de définition (Les Belles Lettres, 1946), pp. 137-141.


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jeudi 1 septembre 2011

… Mais il nous a fait savourer un beau texte

Cet article fait suite au précédent, d'où son titre.
En effet, je ne voulais pas vraiment quitter Victor Hugo sur cette note tragique. Victor Hugo est avant tout un écrivain, et si son texte nous a fait réfléchir, il nous enchante aussi par sa beauté littéraire.
J'avais cité dans mon dernier article quelques passages lyriques et je vous rappelle l'adresse où vous pouvez lire la lettre dans son intégralité :

Je voulais juste aujourd'hui faire un gros plan sur deux tous petits passages qui m'ont charmée :

Évoquant la situation de l'Humanité avant l'invention de la navigation aérienne, Hugo s'exclame :
« Le moindre hochequeue raillait Newton pensif. »
Vous aurez reconnu un alexandrin blanc, comme le grand homme en semait parfois inconsciemment dans ses écrits, si accoutumé qu'il était à s'exprimer en vers! Et celui-là est plein de charme. En le lisant, je ne peux que penser aux planches de la « Rubrique à brac » de Gotlib, dans laquelle il a fait de Newton un personnage si attachant et haut en couleur et dans laquelle il raconte parfois des histoires de petits oiseaux, comme le pluvier qui nettoie les dents du crocodile. Monsieur Gotlib, si jamais un jour vous lisez ces lignes et que vous envisagiez de refaire une planche de la Rubrique à brac, je suis sûre que ce vers de Victor Hugo vous inspirera!

Une autre phrase a retenu mon attention, je l'avais citée dans l'article précédent. Il s'agit de :
« Qui n'a pas avec soi et en soi son moteur, est mû, mais ne se meut pas. »
Mon instinct de professeur de français s'est aussitôt emballé en voyant dans la même phrase trois mots de la même famille : un nom exprimant le sujet de l'action (« moteur »), un verbe au passif (« être mû ») et le même verbe à la forme pronominale (« se mouvoir »), et je n'ai pas pu m'empêcher de me dire : « Ah! Cela ferait un formidable exercice : écrire des phrases sur le même modèle! » En fait, je me suis très vite rendu compte que ce n'est pas du tout évident. Alors, c'est mon instinct d'amatrice de jeux d'écriture qui s'est éveillé, et je me suis amusée à trouver le maximum de familles de mots avec lesquelles ce modèle marche. Quelques exemples parmi les plus réussis :
« Qui n'a pas avec soi et en soi son tracteur, est tracté, mais ne se tracte pas. »
« Qui n'a pas avec soi et en soi son arrosoir, est arrosé, mais ne s'arrose pas. »
« Qui n'a pas avec soi et en soi sa nourriture, est nourri, mais ne se nourrit pas. »
« Qui n'a pas avec soi et en soi sa culture, est cultivé, mais ne se cultive pas. »
« Qui n'a pas avec soi et en soi son divertissement, est diverti, mais ne se divertit pas. »
« Qui n'a pas avec soi et en soi sa liberté, est libéré, mais ne se libère pas. »

A vous de continuer à vous amuser avec Victor Hugo!

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mardi 16 août 2011

L'avion de Victor Hugo n'a pas sauvé le monde.

J'ai récemment découvert sur un des « sentiers fleuris » d'internet un texte surprenant à plus d'un titre. L'auteur n'en est personne d'autre que le grand Victor Hugo lui-même, mais le sujet en est fort inattendu puisque – sans prononcer ce mot qui n'existait pas encore – il parle de l'aviation!
Il s'agit d'une lettre envoyée en 1863 à Félix Nadar, le célèbre photographe, dont on sait moins qu'il a aussi été un pionnier de la navigation aérienne en ballon. Après quelques lignes de félicitations, Hugo en vient vite au fait qui lui tient à cœur : le ballon n'est qu'une étape, car il dépend du vent, le pilote ne peut le mouvoir à sa guise : « Qui n'a pas en soi son moteur, est mû, mais ne se meut pas. » Hugo imagine donc judicieusement l'étape suivante : un véhicule aérien capable de se mouvoir de lui-même. Mais il ne donne pas la moindre indication sur ce que serait le fonctionnement de cet appareil rêvé, car ce n'est pas cela qui l'intéresse, mais bien les conséquences de cette navigation aérienne sur l'Humanité.

Et là, après le premier sujet d'étonnement (Victor Hugo a imaginé l'aviation un demi-siècle avant son invention, Jules Verne n'était pas le seul écrivain à avoir anticipé les inventions modernes du XXe s.), vient un sujet, là, de stupéfaction : le grand homme était un doux rêveur, un naïf idéaliste.
Vous vous souvenez sans doute d'un article que j'ai écrit il y a quelques mois et qui avait un titre semblable à celui d'aujourd'hui (cf. http://cheminsantiques.blogspot.com/2011/02/larchitecte-qui-voulait-sauver-le-monde.html). J'y racontais comment Claude-Nicolas Ledoux croyait sincèrement (et – de notre point de vue actuel – naïvement) qu'une architecture intelligemment pensée pourrait amener la paix et l'harmonie entre les hommes. Victor Hugo pense la même chose de l'aviation. En effet, selon lui, elle abolira les frontières, donc il n'y aura plus de guerres, plus de douanes, plus d'exils ; et du coup, plus de tyrannies, la paix universelle, etc. Voici quelques passages parmi les plus lyriques :
« Depuis six mille ans, en effet, l'homme est noué. La vieille coupure violente du nœud gordien, c'est-à-dire la civilisation par la guerre, a été jusqu'ici l'expédient. Expédient bête et misérable. Mettez l'homme en possession de l'atmosphère, le lien des ténèbres se défera de lui-même.
Arminius a délivré la Germanie, Pélage l'Espagne, Wasa la Suède, Washington l'Amérique du Nord, Bolivar l'Amérique du Sud, Botzaris la Grèce, Garibaldi l'Italie. La Pologne en ce moment délivre la Pologne. Cela est grand et beau. Faisons plus, délivrons l'homme. »
« C'est toute la borne abolie. C'est toute la séparation détruite. C'est le vieux nœud gordien lâchant prise. C'est toute la tyrannie sans raison d'être. C'est l'évanouissement des armées, des chocs, des guerres, des exploitations, des asservissements, des haines. C'est la colossale révolution pacifique. C'est brusquement, soudain, et comme par un coup d'aurore, l'ouverture de la vieille cage des siècles. C'est l'immense mise en liberté du genre humain. »
Je ne peux pas tout citer. Allez donc lire l'intégralité de la lettre (elle n'est pas longue) ici : http://membres.multimania.fr/almasty/hugonad.htm

Une lecture très attentive décèle toutefois sous ce bel idéalisme un européanocentrisme qui préfigure les méfaits de la colonisation, puis ceux de la mondialisation :
« C'est l'Europe délivrant les autres continents dans l'éblouissement du monde assistant à cette vision : le progrès planant. » et « Ensemencement de fraternité sous toutes les latitudes, ébauche immédiate d'amélioration sous toutes les zones, imposition à tous les bégaiements et à tous les patois de l'idiome le plus voisin du verbe. »
Je n'aime pas du tout cette dernière expression, qui me rappelle ce que les Grecs appelaient « barbares », à savoir tous ceux qui, ne parlant pas grec, s'exprimaient selon eux par borborygmes.
Mais Victor Hugo croyait certainement sincèrement, comme beaucoup d'intellectuels de son temps, que l'Europe détenait une civilisation supérieure et que c'était faire preuve de générosité que de la répandre de par le monde. Et, à l'exception de cette réserve, on ne peut que souscrire au programme qu'il projette : la paix, la fraternité entre les hommes, la liberté de circuler, la démocratie, etc.

Or, ce rêve, comme celui de Claude-Nicolas Ledoux, comme ceux de tous les utopistes des XVIIIe et XIXe s., a échoué, et ce du fait de quelques simples lois (douanes dans les aéroports, police des frontières).
Mais ce qui est bien pire, et qui ferait presque rire si cela ne faisait pas pleurer, c'est que non seulement l'aviation n'a pas apporté la paix universelle, mais elle est au contraire responsable des pires atrocités des XXe et XXIe s., celles qui font que plus aucun intellectuel d'aujourd'hui n'oserait exprimer de tels espoirs de paix universelle. Dès l'invention de l'aviation, pendant la première guerre mondiale, qui a traumatisé à vie tous ceux qui l'ont vécue, qu'est-ce qui a fait de cette guerre une « guerre moderne »? Les avions. Les bombes atomiques lâchées en 1945 sur Hiroshima et Nagasaki? Et l'écroulement des tours du World Trade Center à New York en 2001? Toujours des avions...

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vendredi 15 juillet 2011

Parlez-moi babylonien!

J'ai récemment entendu parler d'un chercheur de l'université de Cambridge, Martin Worthington, qui est parvenu à retrouver la probable prononciation de la langue babylonienne. Passionnée comme vous le savez par les Babyloniens, j'ai tenté d'en savoir plus. J'ai trouvé une interview de lui, dans laquelle il explique qu'il a pu recréer cette prononciation en recoupant plusieurs sources, comme la comparaison avec des langues sémitiques actuelles ou la transcription de mots babyloniens dans des textes écrits dans d'autres langues dont nous connaissons mieux la prononciation, comme le grec ancien ou l'araméen. L'interview est à écouter ici (en anglais) :

On trouve aussi l'article annonçant la nouvelle (qui date de septembre dernier) sur le site d'actualités de l'Université de Cambridge :

Cet article renvoie à une page où nous pouvons écouter les textes, accompagnés de leur transcription en caractères latins et de leur traduction en anglais : un vrai régal!

Brusquement, le babylonien devient une langue vivante et je peux m'imaginer bercée par la voix de mon cher Bérose (dont je vous parlais il y a bientôt quatre ans : cf. http://cheminsantiques.blogspot.com/2007/11/brose-et-callisthne-des-passeurs-de.html)

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En revanche, cette recherche m'a aussi causé une sacrée surprise, et plutôt amère! En effet, la curiosité m'a prise d'aller voir s'il n'y aurait pas une vidéo montrant Mister Martin Worthington himself déclamant du babylonien. Or, en tapant sur un moteur de recherche son nom complet, le nom de cette langue et le mot « vidéo », on tombe hélas sur quelque chose qui n'a rien à voir! Il s'agit de pseudo documentaires de ces illuminés qui prennent les Sumériens pour des extra-terrestres et que j'avais déjà évoqués ici (cf.http://cheminsantiques.blogspot.com/2009/09/homme-poisson-ou-petit-homme-vert.html)! Je trouve ces théories plus risibles que graves, mais je suis tout de même choquée et attristée de constater qu'en cherchant des informations sur le travail d'un vrai scientifique, on tombe en premier sur des élucubrations bien éloignées de la vraie science.
Et cela nous prouve une fois de plus, si on ne le savait pas encore, qu'internet n'est pas du tout fiable pour qui ne l'aborde pas muni d'un solide esprit critique!


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