jeudi 14 janvier 2010

Des livres très lourds

Le IXe siècle est une période florissante pour la civilisation arabo-musulmane, dont le centre est à Bagdad, en actuelle Irak. Le calife Al Mamoun, fils du célèbre Haroun al Rachid, est un souverain éclairé qui fait construire une « Maison de la Sagesse » (« Bayt al Hikma »), qui est à la fois une bibliothèque, une université, et un centre de traductions.

  • Hounayn Ibn Ishaq (806-873) est un médecin chrétien qui a entrepris la traduction de textes grecs (de Platon, Aristote, Hippocrate, et d'autres) vers le syriaque (sa langue maternelle, une langue sémitique dérivée de l'araméen et parlée par les Chrétiens d'Orient) et vers l'arabe. Al Mamoun était tellement satisfait de ses traductions qu'il lui accordait le poids en or de tout livre traduit en arabe!
  • Al Jahiz (776-868) est le plus grand écrivain arabe. Il a écrit sur tous les sujets possibles et imaginables (sciences, histoire, grammaire, techniques...). Une célèbre légende raconte qu'il est mort dans l'écroulement de sa bibliothèque.

J'aime beaucoup ces deux histoires, même si la deuxième a eu une conséquence tragique. A cette époque, un livre, c'était quelque chose : ça se soupesait, ça se touchait, ça se sentait. Ce n'était pas un vulgaire livre de poche qu'on oublie au fond d'un sac ou qu'on perd dans le métro, et encore moins un immatériel « e-book »! De nos jours, Hounayn aurait vécu dans la misère. Et Jahiz aurait eu la vie sauve, mais il faut bien mourir quand même, et finalement la mort qu'il a eue n'était-elle pas la plus belle?

*

Pour suivre ce blog sur facebook, être au courant des nouveaux articles et en découvrir d'anciens, c'est ici : https://www.facebook.com/Chemins-antiques-et-sentiers-fleuris-477973405944672/


Les nouveaux articles sont aussi partagés sur twitter : https://twitter.com/CheminsAntiques


2 commentaires:

  1. L'histoire de la maison de la sagesse est (très) possiblement une illusion rétrospective, les premiers textes à en parler, de mémoire, remontent à la fin du 10ème siècle.
    Le poids en or est de ce climat romancé de certaines chroniques, tout comme ailleurs la chanson de Roland par exemple.
    C'est sympathique, mais pour le coup ça entraîne la formation de mauvais modèles dans nos esprits: mauvaises observations, mauvaise modélisation.
    Oserais-je plaider pour un peu plus d'historiographie pour chaque assertion, les lecteurs si peu cultivés de nos jours sont si influençables, et l'intoxication en boucle fait des ravages.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Tout à fait. Je vous remercie beaucoup de m'avoir corrigée. J'avais moi-même découvert mon erreur à propos de la Maison de la Sagesse quelques mois plus tard et en avait fait part dans un autre article : http://cheminsantiques.blogspot.fr/2010/08/pensee-grecque-culture-arabe.html
      Mais je n'avais pas pensé à faire un lien depuis cet article.
      Quant au poids en or, il va de soi que c'est une probable légende, et je n'aurais pas dû le présenter comme un fait...
      Mea culpa!

      Supprimer