lundi 31 août 2009

Ils sont fous, ces Chaldéens

Vous vous souvenez que j'avais énuméré sur ce blog, il y a juste un an les différents sens de l'adjectif « chaldéen » (cf. « Qui sont les Chaldéens? » : http://cheminsantiques.blogspot.com/2008/05/qui-sont-les-chaldens.html ). J'en avais recensé sept. Il semble qu'il faille encore en ajouter un, même si le terme exact dont je veux vous parler aujourd'hui n'est pas « chaldéen », mais « chaldaïque ». Ce dernier sens serait un sens linguistique.

En effet, dans un dictionnaire des prénoms feuilleté récemment (L'âme des prénoms, de Jacques et Chantal Baryosher, 1997), j'ai été frappée de voir souvent la mention de l'origine ou de la racine « chaldaïque » d'un prénom.

En cherchant un peu, j'ai trouvé que les savants de la Renaissance au début du XIXe s. évoquaient en effet parfois une langue « chaldaïque » ou « chaldéenne ». Renseignements pris, il semble qu'ils désignaient ainsi l'araméen. Évidemment, à partir du XIXe s., avec les découvertes archéologiques et le déchiffrement de l'écriture cunéiforme et des différentes langues notées par cette écriture, les noms des langues ont complètement changé et on ne parle plus de « chaldéen » en Mésopotamie, mais de sumérien et d'akkadien.

Mais les auteurs du livre cité plus haut considèrent apparemment le chaldaïque comme une grande famille de langues ; or, je ne l'ai jamais vu figurer sur les tableaux habituels montrant les grandes familles de langues et leurs ramifications. En fait, je crois qu'ils appellent « chaldaïque » ce que les linguistes appellent habituellement « sémitique », c'est-à-dire une grande famille dont sont issus notamment l'arabe, l'hébreu, mais aussi des langues qui ne sont plus parlées aujourd'hui, comme l'araméen dont il était question tout à l'heure ou encore l'akkadien, la langue principale de la Mésopotamie (le sumérien, plus ancien, n'est pas une langue sémitique), qu'on appelle aussi parfois « assyro-babylonien », mais jamais « chaldéen » ni « chaldaïque ».

Là où les auteurs de ce dictionnaire m'épatent vraiment, c'est qu'ils parlent également de racines « celto-chaldaïques ». Or, vu que le chaldaïque, soit désigne la famille des langues sémitiques, soit est une langue sémitique particulière, et que le celte appartient à la famille des langues indo-européennes, je ne vois vraiment pas par quel tour de force un mot ou sa racine pourrait être « celto-chaldaïque »!


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2 commentaires:

  1. Bonjour Madame,
    Il semble que vos connaissances ne soit que littéraires et « universitaires » dans cette "science linguistique". Permette- moi de rappeler que la Chaldée était la région entre le Tigre et l'Euphrate, région d'où venait Abraham (plus précisément, il est dit d'Ur en Chaldée). Parler simplement de racines sémitiques comprend une région beaucoup plus vaste dans l’espace et le temps. Quand l'auteur parle de racines Chaldaïques, cela vient simplement préciser des racines localisées dans la région de l'Irak actuel et dans le temps de 2000 à 1000 avant JC.
    N'avez vous jamais trouvé curieux que les langues de cette régions aient été exclues des langues dites indoeuropéennes? Mais il est vrai que George Dumézil, grand maître de la théorie indo européenne, était un antisémite notoire que ses travaux ne pouvait qu'exclure cette région du monde, doctrine dont souffre encore la linguistique actuelle et certainement pour longtemps encore.
    N'avez jamais trouvé curieux que notre alphabet descende du proto sinaïtique qui lui n'a rien d'indo européen?
    N'avez vous jamais trouver curieux que le français, notre chère langue, soit construit sur une phrase de type sujet / verbe/ complément sans aucune déclinaison - comme les langues dite sémitiques - alors que ce n'est pas le cas de l'indo européen. La structure de phrase n'est elle pas le reflet de l'organisation de la pensée de ceux qui la parle?
    Vous pourriez répondre "que cela a été expliqué par la théorie indoeuropéenne", je vous invite à relire l'explication, elle est a mourir de rire tellement elle est ubuesque et comment expliquer, qu’en un siècle, nos ancêtres aient complètement changé leur façon de penser ?
    Le "tour de force" comme vous dite n'est pas du coté que vous croyez et je vous invite à étudier par vous même ces notions de langues dites "indoeuropéennes" et "sémitiques" pour voir qu'elles contiennent beaucoup de failles. Mais effectivement vous risquez de sortir du dogme de la doctrine indoeuropéenne.
    Il en va de même pour la philosophie, où ces mêmes universitaires (même au sens de même famille) expliquent sans sourciller que la philosophie hébraïque, si elle présente des parentés avec celle de la Grèce antique, c'est que les hébreux l'auraient apprise des grecs. Je dis sans sourciller car le peuple hébreu avait déjà plus de 700 ans d'existence quand la Grèce est sortie de sa période obscure. Socrate quand à lui n'arrivant que bien plus tard. Remarquez cela fait un peu négociation commerciale « Tiens je t’échange mon alphabet contre ta philosophie ».
    Ceci ne veut pas dire qu'il n'y a pas eu ni d'influence linguistique, ni d'influence philosophique (cette région du monde étant un carrefour commercial important à cette époque, les carrefours sont toujours des lieux d’enrichissement mutuels), simplement que la théorie indo européenne ne tient pas debout dans son exclusion des langues sémitiques anciennes pour la construction des langues de la partie nord du bassin méditerranéen.

    Enfin pour le rapprochement celte et chaldéen, la racine "gal" pour désigner des peuples n'a donné que Gaulois, Galate (en Asie mineure) et... Galilée en Palestine allez comprendre, ces mots font l'affront de contredire la théorie linguistique indo européenne qui exclue toute parenté linguistique entre ces régions.
    Simplement pour vous montrer que ces influences existent et pas forcément là où l'on s'y attend, je vous souhaite de ne pas vous faire "arnaquer" - porte monnaie en hébreu se dit "arnak"-
    Que dit-on des jambes d'une jeune fille? Qu'elle a de grandes "guibolles" toujours en hébreu "givol" veut dire tige (b et le v peuvent se permuter).
    Certes des exemples ne sont pas une démonstration, mais des contre exemples sont des suspicions fortes qu'une théorie est erronée et à tout le moins à revoir.

    Veuillez agréer madame toute ma considération

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    1. Bonjour Monsieur ou Madame,

      Permettez-moi d'être quelque peu choquée du ton polémique que prend votre commentaire. Il n'y avait pas la moindre polémique dans mon article. Je ne faisais que rappeler le fait, qui me semblait admis, que la famille des langues indo-européennes et la famille des langues sémitiques étaient deux familles différentes (ce qui n'exclut pas bien sûr de nombreux emprunts dans un sens comme dans l'autre, comme par exemple entre l'arabe, langue sémitique, et le persan, langue indo-européenne).

      Vous semblez m'accuser de méconnaître les nombreux contacts et échanges culturels entre les différentes civilisations de la Méditerranée, du Proche et du Moyen Orient : non seulement je ne les méconnais pas, mais ces contacts et échanges sont le sujet de plus de la moitié des articles de ce blog!

      Quant aux langues proprement dites, il est vrai que je ne suis pas une linguiste spécialiste ; j'ai toujours lu et entendu que l'indo-européen et le sémitique étaient deux familles de langues différentes, mais je me trompe peut-être. J'attends toutefois pour être convaincue que vous m'indiquiez des références solides et argumentées. En particulier, puisque c'est ce qui vous a fait réagir, si vous avez trouvé mention de ces fameuses racines "celto-chaldaïque". Je suis peut-être bête, mais il me semble que pour qu'on puisse parler de racines "celto-chaldaïques", il faut qu'il y ait des langues celto-chaldaïques" ; or, je ne vois vraiment pas lesquelles. Mais je ne demande qu'à apprendre.

      Nadia Pla

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