Reliquaire du
XIXe siècle, Musée Universitaire de Louvain-la-Neuve, Belgique.
(Vous pouvez cliquer sur l'image pour l'agrandir ou la télécharger pour zoomer sur les détails)
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Les reliquaires du Moyen Âge m'ont toujours fascinée par la
sacralisation de quelque chose de physique, matériel, corporel, et
aussi par la foi et la vénération accordées à des débris souvent
informes, jaunâtres et minuscules. Mais avec ces reliquaires du XIXe
siècle, on entre dans une autre dimension : tant de petits
morceaux de corps de tant de saints (et je n'ai photographié qu'une
face de l'objet), si soigneusement étiquetés et décorés ! Où
sont la préciosité et la rareté initiale de la relique sacrée ?
Quel sens peuvent encore avoir ces petits bouts de trucs ayant
prétendument appartenu à un corps sacré ?
Cela dit, la perte du sens dans la quantité faisait déjà des
ravages au Moyen Âge. J'ai récemment traduit, dans le cadre d'une
formation au latin médiéval que je suis, un texte du XIIe siècle
qui raconte comment un abbé de la région d'Arras, souhaitant donner
du prestige à son abbaye nouvellement fondée, est allé quérir à
Cologne, en Allemagne, les reliques de l'une des fameuses onze mille
vierges martyres dont on venait juste de retrouver les restes dans
cette ville. Quand il les a eues, une espèce de rage passionnelle
l'a saisi et il a fait ou fait faire un deuxième, puis un troisième
voyage à Cologne, pour récupérer à chaque fois de nouvelles
reliques ! Quand il y en a onze mille, pourquoi se priver ?
Mais revenons à ce reliquaire du XIXe siècle. Ce n'est pas
seulement la quantité, donc, qui est en jeu, mais cette façon de
présenter les reliques avec cette application presque enfantine. Le
recueil de reliques semble ravalé à ces collections de cartes
illustrées thématiques que les enfants aiment collectionner !
J'imagine les discussions passionnées et puériles de ceux qui ont
confectionné ces reliquaires : « J'ai un petit bout de
saint Cervarius, personne ne le connaît, ça ne vaut pas grand
chose ; mais par contre, j'ai un gros morceau de saint Cyprien :
celui-là, je ne l'échange pas, il a beaucoup de valeur ! »
*
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