Par un de ces hasards étonnants, voici
que, moins d'une semaine après avoir lu et vous avoir renvoyé à
l'article de Mara Goyet sur un épisode de la scolarité du jeune
Chateaubriand, il m'est arrivé presque la même aventure dans un de
mes cours.
J'avais pris le carnet de
correspondance d'un élève qui s'était montré particulièrement
pénible, pour y écrire un mot, quand l'élève, faisant appel à
mon indulgence, lève les yeux vers le mur de la classe où j'affiche
semaine après semaine les « phrases de la semaine » et
s'exclame :
- Madame, s'il vous plaît! « Errare humanum est. »!
Je ne peux m'empêcher d'esquisser un
sourire, car il est vrai que « l'erreur est humaine », et
puis je suis touchée par cet appel au latin pour se sortir
d'affaire, d'autant plus que cela me rappelle l'histoire de
Chateaubriand. L'élève, encouragé par mon sourire, ajoute alors :
- « Bis repetita placent »!
Je suis déjà plus sceptique, car s'il
veut me faire comprendre qu' « il est plaisant » que
je « répète » un comportement d'indulgence que j'ai
déjà eu envers lui, je pense aussi qu'il n'est guère « plaisant »
qu'il « répète » les mêmes bêtises!
Pendant que je réfléchis, mon élève,
emporté par son élan, repart de plus belle avec :
- « Qui bene amat bene castigat »!
Ce fut une erreur fatale.
- En effet, repris-je, « Qui bene amat bene castigat »!
Et je gardai son carnet.
*
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