Aujourd'hui, une fois n'est pas coutume, je ne vous parlerai pas d'un sujet ou d'un personnage méconnu, mais au contraire de l'un des hommes les plus célèbres de l'Antiquité romaine, Marcus Tullius Cicero, que nous nommons Cicéron.
J'ai été assez peinée de la façon dont il est représenté dans la série Rome de Bruno Heller. Je ne vous ai pas parlé de cette série, ayant été encore une fois devancée par Patrick (http://journaldebord-pat.blogspot.com/2007/04/un-chemin-vers-rome.html). En quelques mots, je la juge excellente, à la fois du point de vue du professeur de lettres classiques et du point de vue de l'amatrice de bons films. Il y a très peu d'erreurs et d'anachronismes et ils ne sont pas dérangeants. Je dois dire aussi, que si j'ai commencé à regarder cette série par intérêt pédagogique, j'ai fini par le faire par pur plaisir!
En ce qui concerne les personnages, pour certains, comme César, Brutus, Octave ou Marc-Antoine, le physique de l'acteur et son rôle collent si bien à l'idée que je m'en faisais que je me retrouve maintenant à voir le visage de ces acteurs quand je lis des textes latins!
Or, ce n'est pas le cas de Cicéron: ce personnage veule, lâche, opportuniste, vaniteux, dont on ne consent à montrer le courage que dans ses dernières minutes de vie, incarné par un acteur aux traits mous et fuyants, ce n'est pas ainsi que je vois Cicéron!
Que sait-on de Cicéron d'après les textes qu'il a écrits et ceux que ses contemporains ont écrit sur lui? Énormément de choses... desquelles il ressort, je dois l'avouer, que Cicéron était effectivement un homme veule, lâche, opportuniste et vaniteux! Ah? Oui, mais qu'il était aussi un homme noble, courageux, honnête et altruiste! Paradoxe étrange, me direz-vous, mais bien humain, finalement...
Petit catalogue de ce j'aime chez Cicéron:
- son visage sur les sculptures (voir plus haut)
- cette anecdote concernant son enfance : il était tellement brillant à l'école que les parents des autres élèves venaient eux-mêmes chercher leurs enfants à l'école (au lieu d'y envoyer l'esclave « pédagogue ») rien que pour voir le petit prodige!
- La tendresse émouvante qu'il exprime envers ses enfants dans ses lettres d'exil et son chagrin inconsolable à la mort de sa fille (morte en couches très jeune)
- la magnificence de ses discours, surtout ceux contre Verrès, contre Catilina et contre Marc-Antoine
- la rage enflammée de ses discours contre Marc-Antoine (les Philippiques), culminant à cette insulte inouïe dans un discours politique : « Edormi crapulam! » (« Va cuver ton vin! »)
- sa mort où l'on retrouve les deux faces du personnage : d'abord une fuite lâche (enfin, « lâche »: qu'aurions-nous fait à sa place?) devant les sbires de Marc-Antoine, puis, lorsqu'il a compris qu'il n'y avait plus d'issue, il a courageusement présenté sa tête:« Il se pencha hors de la litière en tendant son cou sans bouger, et il fut décapité » (Lhomond, Les grands hommes de Rome, XVIIe s.)
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