dimanche 1 mai 2016

La première femme nue


Je viens d'achever deux mois de compagnonnage affectueux avec un livre surprenant, La première femme nue, de Christophe Bouquerel (Actes Sud, 2015). Il s'agit de la vie romancée de Phryné, connue pour avoir été une hétaïre ou courtisane célèbre à Athènes au IVe s. av. JC et aussi la maîtresse et le modèle du sculpteur Praxitèle. Mais une fois que l'on a dit cela, on n'a rien dit du roman.
Ce roman fleuve épouse le sillon de la vie d'une femme. Une vie que l'on suit du début jusqu'à la fin, assistant lentement à son évolution vers la maturité.
C'est un livre qui parle de la femme et de sa place dans la société ; c'est un livre qui parle de la création artistique ; c'est un livre qui parle de la sexualité ; c'est un livre qui parle de la relation amoureuse et de toutes ses déclinaisons, de la domination, de tous les différents types de relations humaines ; c'est un livre qui parle de la guerre, qui parle des malheureux civils toujours victimes ; c'est un livre qui parle de politique et d'histoire, qui fait une réflexion passionnante sur les multiples enjeux politiques qui décident du sort des hommes ; c'est un livre qui parle de religion, de mystique, de philosophie ; c'est un livre qui parle de quête, et de l'objet de la quête de notre vie, et qui aboutit – au fur et à mesure que l'héroïne elle-même mûrit et gagne en sagesse – à des conclusions fortes et profondes sur le sens de la vie et sur les relations humaines. En cela, ce livre est presque une Bible : il en a la taille (!) et il en a la variété d'enseignements riches à méditer.
Mais ce n'est pas tout, car ce livre est avant tout un roman, et un des meilleurs : intrigue solide, personnages hauts en couleur, suspense, rebondissements, humour, émotions, et le tout dans une langue savoureuse (certaines phrases sont travaillées comme des bijoux, que l'on ne résiste pas à l'envie de lire à voix haute et de relire, pour en apprécier la poésie et la musicalité).
C'est pour toutes ces raisons que je vous recommande vivement de lire ce livre, sans avoir peur de ses quelques 1200 pages ! Pour ma part, en plus de toutes ces qualités, ce livre m'a bouleversée par certains détails qui coïncidaient étrangement, soit avec des motifs présents dans mes propres écrits de fiction, soit avec des éléments de ma propre vie. De ce fait, je pense que je n'ai jamais été autant marquée par la lecture d'un roman.

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