mercredi 23 novembre 2011

Alexandre et ses musiciens

Je suis allée voir il y a quelques semaines l'exposition du Louvre sur la Macédoine. J'ai d'ailleurs été un peu déçue, car j'avais compris au départ que c'était une exposition sur Alexandre le Grand (dont l'histoire me passionne, vu qu'elle a donné lieu à de formidables échanges entre Grèce et Mésopotamie). Les objets présentés m'ont toutefois intéressée, mais je n'ai pas pris garde à un petit papyrus minable sur lequel vient de paraître un article passionnant de Thomas Schlesser sur le site de "Rue89" : "Quelle musique écoutait-on sous Alexandre le Grand?" :

http://www.rue89.com/2011/11/22/quelle-musique-ecoutait-sous-alexandre-le-grand-226768

L'article raconte la découverte improbable d'un antique manuscrit trouvé roulé en boule au fond d'une boîte à biscuits dans un grenier du Louvre, or ce manuscrit est une partition musicale que la savante et passionnée Anne Bélis a réussi à reconstituer.

L'article présente aussi l'intérêt d'expliquer de façon simple et claire les rapports entre musique et politique à la cour d'Alexandre.

Enfin, on pourra, toujours sur cette page, écouter la reconstitution musicale de cette partition qui surgit du fond des temps!

Pour ceux qui veulent en savoir plus, un article plus complet, mais abordable d'Anne Bélis elle-même qui rend compte de sa découverte et de sa transcription en 2002 :

http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/crai_0065-0536_2004_num_148_3_22786

Je pense même que cet article d'Anne Bélis pourrait être utilisé avec des élèves pour leur montrer le cheminement d'un papyrus (photo) à son relevé (dessin noir et blanc), puis à sa transcription (texte et partition) pour aboutir à son interprétation.

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mardi 15 novembre 2011

Le collimateur

Alors que je feuilletais un très vieux dictionnaire encyclopédique qui me vient de mon grand-père (d'un certain B. Dupiney de Vorepierre, 1873), en cherchant le mot collège (je cherchais d'éventuelles précisions sur les « collèges » qui apparaissent dans la série télévisée « Rome », sortes de regroupements mafieux), je suis tombée... sur le collimateur! J'avoue que je ne m'étais jamais posé la question de l'origine de l'expression « être dans le collimateur » (de la justice, par exemple). En lisant l'article, j'ai d'abord été émerveillée par la beauté du langage technique, la précision du vocabulaire et des phrases, puis, au fur et à mesure que l'explication gagnait en complexité, amusée de n'y plus rien comprendre, mais ayant toujours envie de poursuivre ma lecture pour goûter la beauté d'un texte presque poétique!
Lisez-le, savourez-le, et vous repenserez avec émotion à ce beau langage technique la prochaine fois que vous lirez un mode d'emploi traduit par un traducteur automatique!



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vendredi 28 octobre 2011

Encore un passeur de savoir : Sosigène d'Alexandrie.


Vous savez comme j'aime ces « passeurs de savoirs », ces hommes (et parfois femmes) qui se sont trouvés à un moment de l'Histoire au carrefour entre deux (voire plus) civilisations, et qui sont malheureusement souvent assez peu connus, précisément parce qu'ils n'ont été « que » des passeurs, pas des inventeurs.
Je vous ai déjà parlé ici

Aujourd'hui, voici un homme au nom obscur, Sosigène d'Alexandrie. Et pourtant, c'est à cet homme que nous devons le calendrier julien. On peut se douter, en effet, que Jules César, en dépit de sa large culture, ne possédait pas un savoir en astronomie poussé au point de concevoir tout de suite la réforme capitale (et bientôt mondiale) qui porte son nom. On sait, donc, qu'il a été aidé et conseillé par un astronome d'Alexandrie du nom de Sosigène. Mais sur ce dernier, on sait peu de choses. Ce n'était probablement pas lui-même un grand inventeur, mais du moins un très bon vulgarisateur qui a su expliquer les dernières découvertes grecques à Jules César.

Cependant (de même que je l'ai fait pour Bérose et Callisthène), on peut beaucoup imaginer :
  • Peut-être Sosigène a-t-il aussi vulgarisé la science grecque pour Lucrèce, qui est contemporain de César, et dont le De Natura Rerum, outre un splendide poème et un grand traité philosophique, est aussi un livre de physique très technique...
  • Peut-être Sosigène était-il le directeur de la fameuse bibliothèque d'Alexandrie...
  • Peut-être est-ce Cléopâtre (qui était aussi une souveraine éclairée et savante) qui l'a présenté à César...
  • Peut-être Sosigène a-t-il suivi César à Rome, comme Cléopâtre et leur fils Césarion...
Je vous laisse poursuivre ces hypothèses et continuer à rêver sur la vie de cet homme inconnu, mais dont la vie ne fut certainement pas banale...

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mercredi 5 octobre 2011

Pourquoi apprendre le latin ou le grec?

J'avais amorcé quelques pistes sur l'intérêt des apprentissages quels qu'ils soient dans un précédent article :
http://cheminsantiques.blogspot.com/2008/10/quoi-sert-il-dapprendre.html

Ma dernière piste concernait le fait de devenir un citoyen responsable et un être humain tolérant. Je suis récemment retombée sur un texte que j'avais pieusement recopié lorsque j'étais étudiante, un extrait d'un ouvrage de Fernand Robert sur l'humanisme. Or ce texte, que j'avais complètement oublié, part de cette même idée et développe les mêmes arguments que ceux que je donne quand on me demande l'intérêt d'étudier les langues anciennes. Bien qu'écrit il y a plus de soixante ans, il est d'une actualité brûlante et, ce qui ne gâche rien, d'un style délicieux.

« Ce qui est excellent, et que les études classiques seules produisent, c’est l’habitude, acquise dès les plus jeunes années, et pour la vie entière, de penser, non seulement que tout est dit, mais que tout a été déjà senti, éprouvé, que rien ne se passe dans notre âme qui ne se soit déjà passé dans d’autres âmes, et depuis qu’il y a des hommes, et qui pensent, et qui sentent.
Ce dont nous avons besoin par-dessus tout dans notre vie morale, c'est de ne jamais nous croire singuliers, et c'est de ne jamais nous sentir seuls. Il n'est pas humaniste, celui qui dit : « Je suis ainsi, et il faut me prendre comme je suis. » Notre premier mouvement est de nous complaire en nous-mêmes, et toute la morale, tout l'apprentissage de la vie en société, c'est de nous guérir de ce mouvement-là.
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Vous dites que depuis vingt ans que vous avez quitté le collège, vous n’avez pas ouvert un livre latin ni grec, et que, soudain, aujourd’hui, dans un moment de loisir, la fantaisie vous ayant pris (peut-être pour aider votre fils à faire sa version) de vérifier si vous étiez encore capable de traduire une phrase de Tite-Live, vous avez piteusement échoué. Et vous vous demandez si vraiment il valait la peine de passer six ans de votre jeunesse à un travail si dur, pour un résultat aussi précaire.
Mais jamais, dans vos études, le latin n’a été une fin en soi. Même si, n’ayant pas entretenu votre connaissance des langues mortes, vous êtes complètement incapable aujourd’hui de traduire un texte, et, disons plus, même si vous avez été un cancre pendant vos années de collège et si votre incapacité de traduire date de ce temps-là, du moins avez-vous pris, pendant les six années les plus formatrices, l’habitude de penser qu’aucune situation psychologique n’est nouvelle dans l’histoire de l’humanité. S’il vous est resté, fût-ce très confusément, cette idée que vos états psychologiques, vos émotions, vos sentiments, vos désirs, vos pensées, ne sont point particulièrement, singulièrement vous-même, mais vous apparentent à d’autres hommes, et non point seulement aux hommes de votre temps (ce qui serait encore un genre de singularité), mais à des hommes qui vivaient il y a deux mille ans et plus, alors vos études n’ont pas manqué complètement leur but, car ce qu’elles cherchaient par-dessus tout à produire, c’est cette habitude de votre esprit, qui reste intacte, maintenant que vous ne savez plus traduire.
Là vraiment, il y a quelque chose qui reste quand on a tout oublié, et même quand on n’a pas très bien appris. »

Fernand Robert, L’humanisme, essai de définition (Les Belles Lettres, 1946), pp. 137-141.


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jeudi 1 septembre 2011

… Mais il nous a fait savourer un beau texte

Cet article fait suite au précédent, d'où son titre.
En effet, je ne voulais pas vraiment quitter Victor Hugo sur cette note tragique. Victor Hugo est avant tout un écrivain, et si son texte nous a fait réfléchir, il nous enchante aussi par sa beauté littéraire.
J'avais cité dans mon dernier article quelques passages lyriques et je vous rappelle l'adresse où vous pouvez lire la lettre dans son intégralité :

Je voulais juste aujourd'hui faire un gros plan sur deux tous petits passages qui m'ont charmée :

Évoquant la situation de l'Humanité avant l'invention de la navigation aérienne, Hugo s'exclame :
« Le moindre hochequeue raillait Newton pensif. »
Vous aurez reconnu un alexandrin blanc, comme le grand homme en semait parfois inconsciemment dans ses écrits, si accoutumé qu'il était à s'exprimer en vers! Et celui-là est plein de charme. En le lisant, je ne peux que penser aux planches de la « Rubrique à brac » de Gotlib, dans laquelle il a fait de Newton un personnage si attachant et haut en couleur et dans laquelle il raconte parfois des histoires de petits oiseaux, comme le pluvier qui nettoie les dents du crocodile. Monsieur Gotlib, si jamais un jour vous lisez ces lignes et que vous envisagiez de refaire une planche de la Rubrique à brac, je suis sûre que ce vers de Victor Hugo vous inspirera!

Une autre phrase a retenu mon attention, je l'avais citée dans l'article précédent. Il s'agit de :
« Qui n'a pas avec soi et en soi son moteur, est mû, mais ne se meut pas. »
Mon instinct de professeur de français s'est aussitôt emballé en voyant dans la même phrase trois mots de la même famille : un nom exprimant le sujet de l'action (« moteur »), un verbe au passif (« être mû ») et le même verbe à la forme pronominale (« se mouvoir »), et je n'ai pas pu m'empêcher de me dire : « Ah! Cela ferait un formidable exercice : écrire des phrases sur le même modèle! » En fait, je me suis très vite rendu compte que ce n'est pas du tout évident. Alors, c'est mon instinct d'amatrice de jeux d'écriture qui s'est éveillé, et je me suis amusée à trouver le maximum de familles de mots avec lesquelles ce modèle marche. Quelques exemples parmi les plus réussis :
« Qui n'a pas avec soi et en soi son tracteur, est tracté, mais ne se tracte pas. »
« Qui n'a pas avec soi et en soi son arrosoir, est arrosé, mais ne s'arrose pas. »
« Qui n'a pas avec soi et en soi sa nourriture, est nourri, mais ne se nourrit pas. »
« Qui n'a pas avec soi et en soi sa culture, est cultivé, mais ne se cultive pas. »
« Qui n'a pas avec soi et en soi son divertissement, est diverti, mais ne se divertit pas. »
« Qui n'a pas avec soi et en soi sa liberté, est libéré, mais ne se libère pas. »

A vous de continuer à vous amuser avec Victor Hugo!

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mardi 16 août 2011

L'avion de Victor Hugo n'a pas sauvé le monde.

J'ai récemment découvert sur un des « sentiers fleuris » d'internet un texte surprenant à plus d'un titre. L'auteur n'en est personne d'autre que le grand Victor Hugo lui-même, mais le sujet en est fort inattendu puisque – sans prononcer ce mot qui n'existait pas encore – il parle de l'aviation!
Il s'agit d'une lettre envoyée en 1863 à Félix Nadar, le célèbre photographe, dont on sait moins qu'il a aussi été un pionnier de la navigation aérienne en ballon. Après quelques lignes de félicitations, Hugo en vient vite au fait qui lui tient à cœur : le ballon n'est qu'une étape, car il dépend du vent, le pilote ne peut le mouvoir à sa guise : « Qui n'a pas en soi son moteur, est mû, mais ne se meut pas. » Hugo imagine donc judicieusement l'étape suivante : un véhicule aérien capable de se mouvoir de lui-même. Mais il ne donne pas la moindre indication sur ce que serait le fonctionnement de cet appareil rêvé, car ce n'est pas cela qui l'intéresse, mais bien les conséquences de cette navigation aérienne sur l'Humanité.

Et là, après le premier sujet d'étonnement (Victor Hugo a imaginé l'aviation un demi-siècle avant son invention, Jules Verne n'était pas le seul écrivain à avoir anticipé les inventions modernes du XXe s.), vient un sujet, là, de stupéfaction : le grand homme était un doux rêveur, un naïf idéaliste.
Vous vous souvenez sans doute d'un article que j'ai écrit il y a quelques mois et qui avait un titre semblable à celui d'aujourd'hui (cf. http://cheminsantiques.blogspot.com/2011/02/larchitecte-qui-voulait-sauver-le-monde.html). J'y racontais comment Claude-Nicolas Ledoux croyait sincèrement (et – de notre point de vue actuel – naïvement) qu'une architecture intelligemment pensée pourrait amener la paix et l'harmonie entre les hommes. Victor Hugo pense la même chose de l'aviation. En effet, selon lui, elle abolira les frontières, donc il n'y aura plus de guerres, plus de douanes, plus d'exils ; et du coup, plus de tyrannies, la paix universelle, etc. Voici quelques passages parmi les plus lyriques :
« Depuis six mille ans, en effet, l'homme est noué. La vieille coupure violente du nœud gordien, c'est-à-dire la civilisation par la guerre, a été jusqu'ici l'expédient. Expédient bête et misérable. Mettez l'homme en possession de l'atmosphère, le lien des ténèbres se défera de lui-même.
Arminius a délivré la Germanie, Pélage l'Espagne, Wasa la Suède, Washington l'Amérique du Nord, Bolivar l'Amérique du Sud, Botzaris la Grèce, Garibaldi l'Italie. La Pologne en ce moment délivre la Pologne. Cela est grand et beau. Faisons plus, délivrons l'homme. »
« C'est toute la borne abolie. C'est toute la séparation détruite. C'est le vieux nœud gordien lâchant prise. C'est toute la tyrannie sans raison d'être. C'est l'évanouissement des armées, des chocs, des guerres, des exploitations, des asservissements, des haines. C'est la colossale révolution pacifique. C'est brusquement, soudain, et comme par un coup d'aurore, l'ouverture de la vieille cage des siècles. C'est l'immense mise en liberté du genre humain. »
Je ne peux pas tout citer. Allez donc lire l'intégralité de la lettre (elle n'est pas longue) ici : http://membres.multimania.fr/almasty/hugonad.htm

Une lecture très attentive décèle toutefois sous ce bel idéalisme un européanocentrisme qui préfigure les méfaits de la colonisation, puis ceux de la mondialisation :
« C'est l'Europe délivrant les autres continents dans l'éblouissement du monde assistant à cette vision : le progrès planant. » et « Ensemencement de fraternité sous toutes les latitudes, ébauche immédiate d'amélioration sous toutes les zones, imposition à tous les bégaiements et à tous les patois de l'idiome le plus voisin du verbe. »
Je n'aime pas du tout cette dernière expression, qui me rappelle ce que les Grecs appelaient « barbares », à savoir tous ceux qui, ne parlant pas grec, s'exprimaient selon eux par borborygmes.
Mais Victor Hugo croyait certainement sincèrement, comme beaucoup d'intellectuels de son temps, que l'Europe détenait une civilisation supérieure et que c'était faire preuve de générosité que de la répandre de par le monde. Et, à l'exception de cette réserve, on ne peut que souscrire au programme qu'il projette : la paix, la fraternité entre les hommes, la liberté de circuler, la démocratie, etc.

Or, ce rêve, comme celui de Claude-Nicolas Ledoux, comme ceux de tous les utopistes des XVIIIe et XIXe s., a échoué, et ce du fait de quelques simples lois (douanes dans les aéroports, police des frontières).
Mais ce qui est bien pire, et qui ferait presque rire si cela ne faisait pas pleurer, c'est que non seulement l'aviation n'a pas apporté la paix universelle, mais elle est au contraire responsable des pires atrocités des XXe et XXIe s., celles qui font que plus aucun intellectuel d'aujourd'hui n'oserait exprimer de tels espoirs de paix universelle. Dès l'invention de l'aviation, pendant la première guerre mondiale, qui a traumatisé à vie tous ceux qui l'ont vécue, qu'est-ce qui a fait de cette guerre une « guerre moderne »? Les avions. Les bombes atomiques lâchées en 1945 sur Hiroshima et Nagasaki? Et l'écroulement des tours du World Trade Center à New York en 2001? Toujours des avions...

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vendredi 15 juillet 2011

Parlez-moi babylonien!

J'ai récemment entendu parler d'un chercheur de l'université de Cambridge, Martin Worthington, qui est parvenu à retrouver la probable prononciation de la langue babylonienne. Passionnée comme vous le savez par les Babyloniens, j'ai tenté d'en savoir plus. J'ai trouvé une interview de lui, dans laquelle il explique qu'il a pu recréer cette prononciation en recoupant plusieurs sources, comme la comparaison avec des langues sémitiques actuelles ou la transcription de mots babyloniens dans des textes écrits dans d'autres langues dont nous connaissons mieux la prononciation, comme le grec ancien ou l'araméen. L'interview est à écouter ici (en anglais) :

On trouve aussi l'article annonçant la nouvelle (qui date de septembre dernier) sur le site d'actualités de l'Université de Cambridge :

Cet article renvoie à une page où nous pouvons écouter les textes, accompagnés de leur transcription en caractères latins et de leur traduction en anglais : un vrai régal!

Brusquement, le babylonien devient une langue vivante et je peux m'imaginer bercée par la voix de mon cher Bérose (dont je vous parlais il y a bientôt quatre ans : cf. http://cheminsantiques.blogspot.com/2007/11/brose-et-callisthne-des-passeurs-de.html)

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En revanche, cette recherche m'a aussi causé une sacrée surprise, et plutôt amère! En effet, la curiosité m'a prise d'aller voir s'il n'y aurait pas une vidéo montrant Mister Martin Worthington himself déclamant du babylonien. Or, en tapant sur un moteur de recherche son nom complet, le nom de cette langue et le mot « vidéo », on tombe hélas sur quelque chose qui n'a rien à voir! Il s'agit de pseudo documentaires de ces illuminés qui prennent les Sumériens pour des extra-terrestres et que j'avais déjà évoqués ici (cf.http://cheminsantiques.blogspot.com/2009/09/homme-poisson-ou-petit-homme-vert.html)! Je trouve ces théories plus risibles que graves, mais je suis tout de même choquée et attristée de constater qu'en cherchant des informations sur le travail d'un vrai scientifique, on tombe en premier sur des élucubrations bien éloignées de la vraie science.
Et cela nous prouve une fois de plus, si on ne le savait pas encore, qu'internet n'est pas du tout fiable pour qui ne l'aborde pas muni d'un solide esprit critique!


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lundi 20 juin 2011

« L'enfant gras », ou comment le latin permet de dévoiler les vices cachés des produits de grande consommation

Une élève s'étant plongée dans le dictionnaire de latin s'exclama soudain :
- Ça alors, « pinguis », ça veut dire « gras »!
- Oui, en effet. (Je ne voyais pas l'objet de sa stupéfaction)
- Mais alors, les « Kinder Pingui », c'est gras!

Trop heureuse de saisir l'occasion, je rebondis aussitôt par une tirade moralisatrice contre les friandises dont la société de consommation abreuvent nos enfants, quand un autre élève, germaniste, me stoppe net dans mon enthousiasme :
- Mais pas du tout! « Kinder » veut dire « enfant » en allemand et « pingui » veut dire « pingouin », d'ailleurs il y a un pingouin sur le logo! « Kinder Pingui », ça veut dire « Enfant Pingouin ».

Je reconnais qu'il a raison et qu'il aurait été absurde de la part d'un industriel d'afficher ouvertement un défaut de son produit. J'explique ensuite aux élèves que le mot « pingouin », que ce soit dans sa version française ou allemande, vient bien du latin « pinguis » : en effet, le pingouin est doté d'une épaisse couche de graisse sous sa peau pour le protéger du froid.

Ma première élève tenait à sa découverte :
- N'empêche que « Pingui » vient bien de « pinguis », et que « Kinder Pingui » c'est un « enfant gras »! Je n'en mangerai plus!

Et voilà comment le latin a permis à une jeune consommatrice de déjouer les pièges tendus par les industriels! Vous voyez bien que ça sert, le latin!

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samedi 21 mai 2011

Les premiers mots de l'humanité

Hérodote, un de mes auteurs grecs préférés, raconte une anecdote savoureuse à propos du roi égyptien Psammétique. Ce dernier ayant voulu savoir quelle langue était la première de l'humanité, fit élever deux nouveaux-nés sans la moindre communication, et un beau jour, ils s'exclamèrent « bécos », qui veut dire « pain » en phrygien!
Le texte complet est ici :
Les Égyptiens se croyaient, avant le règne de Psammitichus, le plus ancien peuple de la terre. Ce prince ayant voulu savoir, à son avènement à la couronne, quelle nation avait le plus de droit à ce titre, ils ont pensé, depuis ce temps-là, que les Phrygiens étaient non seulement plus anciens qu'eux, mais qu'ils l'étaient plus que toutes les autres nations. Les recherches de ce prince ayant été jusqu'alors infructueuses, voici les moyens qu'il imagina : il prit deux enfants de basse extraction nouveau-nés , les remit à un berger pour les élever parmi ses troupeaux, lui ordonna d'empêcher qui que ce fût de prononcer un seul mot en leur présence, de les tenir enfermés dans une cabane dont l'entrée fût interdite à tout le monde, de leur amener, à des temps fixes, des chèvres pour les nourrir, et, lorsqu'ils auraient pris leur repas, de vaquer à ses autres occupations. En donnant ces ordres, ce prince voulait savoir quel serait le premier mot que prononceraient ces enfants quand ils auraient cessé de rendre des sons inarticulés. Ce moyen lui réussit. Deux ans après que le berger eut commencé à en prendre soin, comme il ouvrait la porte et qu'il entrait dans la cabane, ces deux enfants, se traînant vers lui, se mirent à crier : Bécos, en lui tendant les mains. La première fois que le berger les entendit prononcer cette parole, il resta tranquille ; mais ayant remarqué que, lorsqu'il entrait pour en prendre soin, ils répétaient souvent le même mot, il en avertit le roi, qui lui ordonna de les lui amener. Psammitichus les ayant entendu parler lui-même, et s'étant informé chez quels peuples on se servait du mot bécos, et ce qu'il signifiait, il apprit que les Phrygiens appelaient ainsi le pain. Les Égyptiens, ayant pesé ces choses, cédèrent aux Phrygiens l'antériorité, et les reconnurent pour plus anciens qu'eux.
Hérodote, L'Enquête, II 2, traduction Larcher

Évidemment, aujourd'hui, cette expérience nous paraît complètement idiote, et nous savons hélas que les enfants privés de communication humaine deviennent des enfants sauvages, comme le célèbre Victor de l'Aveyron.
Cependant, le questionnement sur l'origine du langage est toujours là. A la fois, comme dans l'expérience de Psammétique, de l'origine du langage dans l'histoire de l'humanité, et de l'origine du langage chez chaque individu humain. J'imagine qu'il doit y avoir des recherches activement menées dans ce domaine par les spécialistes des neurosciences, dans le genre de celle, édifiante, menée sur l'origine de la lecture et dont je vous avais parlé il y a deux ans :
et

A ma modeste échelle, j'ai observé mes propres enfants. Non, c'est promis, je ne les ai pas enfermés dans une cabane seuls avec du lait de chèvre, mais j'ai simplement notés leurs premiers mots, dans l'ordre d'apparition.

Dans les dix ou douze premiers mots, on trouve beaucoup de points communs : « Papa », « Maman », + le nom de la grande sœur pour le cadet, « Non », « Caca », « Coucou », « Au revoir » et « Ham » (= « manger »). Ces mots semblent donc d'une importance capitale! Et de même pour quelques autres arrivés peu après, comme « Encore », « Doudou » ou « Pain ».
Leur propre nom (prononcé à leur façon, mais reconnaissable) est arrivé au même stade pour chacun d'entre eux, autour du vingtième mot.

Mais il est intéressant (même si je suis consciente que cela a peu de signification en ne comparant que deux enfants) et amusant de repérer les différences.
Rien d'étonnant à ce que le garçon compte « Zizi » parmi ses premiers mots et pas la fille! Rien d'étonnant non plus à ce que l'un ait très tôt parlé du « Feu » (de cheminée) et l'autre des « Myrtilles » (tout dépend de la saison à laquelle a eu lieu l'explosion du langage!), que celle qui a eu la chance d'aller à la campagne en été à cette époque ait désigné comme premiers animaux « Poule » et « Escargot », tandis que celui qui a passé son hiver en appartement parle plus de « Crabe » et de « Girafe »... en plastique, bien sûr! Ou encore que celle pour qui la sortie du dimanche consistait souvent à aller voir passer les RER dans le Parc Montsouris ait parlé de « Train », tandis que celui qui voit avec envie sa grande sœur jouer aux sept familles avec les grands préfère « Carte »...
Mais pourquoi la grande compte-t-elle « Là » et « Voilà » comme troisième et septième mots alors que le petit ne les disait pas encore à un stade bien plus avancé? On pourra dire que la première est plus active et le second plus contemplatif, mais cette explication est sans doute tirée par les cheveux... Et pourquoi le cinquième mot du petit est-il « Nez » et qu'il adore montrer son nez et celui de tous ceux qui l'entourent? Pour le coup, voilà qui est plus actif que contemplatif!

Vous l'aurez compris, je l'espère, loin de moi l'idée de partir dans un délire interprétatif. Je suis juste émerveillée de voir à quel point les êtres humains sont à la fois semblables et différents, et, cette vérité que je retrouve tous les jours en côtoyant les Grecs et les Romains d'autrefois – si semblables et si différents de nous – , de la retrouver chez mes propres enfants.

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mercredi 16 mars 2011

L'Antique Parade


En prélude au Festival Européen Latin Grec qui commence demain à Paris et dont je vous parle chaque année, avait lieu dimanche dernier la première Antique Parade à travers les rues de Paris. Encore modeste pour la première année, elle n'en fut pas moins très réussie.

Après un parcours du Jardin du Luxembourg aux Arènes de Lutèce sous les yeux médusés des promeneurs du dimanche et des habitants à leurs fenêtres, elle s'est terminée par une heure de spectacles dans les dites Arènes sous les yeux encore plus médusés des footballeurs du dimanche, qui ont parfois cessé leurs passes pour écouter les accents énergiques de la troisième Pythique de Pindare déclamée dans le texte au son d'une mélodie grecque antique exécutée à la guitare électrique...



Des hoplites rue Soufflot.

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vendredi 18 février 2011

L'architecte qui voulait sauver le monde

Je suis allée visiter dans ses derniers jours l'exposition du Louvre « L'Antiquité rêvée », qui présente l'inspiration de l'Antiquité chez les artistes (essentiellement peintres, sculpteurs, architectes et décorateurs) du XVIIIe s.  (vous pouvez en avoir un aperçu sur ce site : http://mini-site.louvre.fr/saison18e/index_f.php?expo=antiquite_revee#/antiquite_revee)(note en 2019 : le site n'existe plus et c'est dommage, mais je laisse le lien pour mémoire).
J'ai été un peu déçue : non pas que l'exposition fût mal faite ; elle était excellente et très intéressante comme le sont habituellement les expositions du Louvre ; mais, décidément, l'art du XVIIIe s. européen est souvent bien froid.
Il y a des exceptions, heureusement, et quelques œuvres m'ont ravie. J'ai aussi découvert des artistes que j'ignorais, comme l'architecte Etienne Boullée : son projet de cénotaphe pour Newton (une gigantesque sphère) m'a beaucoup surprise : d'abord naturellement parce que c'est une forme tout à fait inhabituelle et frappante en architecture (même dans notre moderne XXIe s.), mais aussi et surtout parce qu'avant d'aller lire la légende, j'étais persuadée que ce dessin était l'œuvre d'un autre grand architecte du XVIIIe s., Claude Nicolas Ledoux, Claude Nicolas Ledoux dont le nom était d'ailleurs cité sur le panneau de présentation de la salle où figurait le dessin de Boullée, mais pas la moindre œuvre de lui! Pour le coup, cette absence fut un vrai regret, car c'est un artiste auquel je suis profondément attachée, et j'ai donc décidé d'en profiter pour mener mes sentiers fleuris du côté de sa ville idéale.

CN Ledoux était un inventeur et artiste de génie, mais arrivé au mauvais moment, c'est pourquoi sa notoriété est moyenne. On connaît surtout les bâtiments qu'il a fait édifier pour la Saline Royale d'Arc-et-Senans dans le Doubs, mais ce superbe demi-cercle qui suscite déjà l'admiration des touristes devait dans le projet initial former un cercle complet, et ce cercle ne devait être que l'élément central d'une ville idéale construite autour de la saline ; mais il dut s'arrêter là, faute de moyens dans le budget royal. Il est aussi l'auteur de charmants petits pavillons dressés à toutes les portes de Paris (destinés aux fonctionnaires percevant l'octroi de ceux qui entraient dans la ville), lesquels, à peine quelques années après leur construction, ont été détruits par la Révolution qui y voyait le symbole de l'oppression fiscale : il n'en reste qu'un sur la place Denfert-Rochereau, un sur la place Stalingrad, au bord du canal, et deux ou trois autres. Enfin le livre qu'il avait projeté d'écrire pour expliquer sa vision du monde, de l'humanité et de l'art, fut interrompu par son arrestation pendant la Terreur et resta à l'état de brouillon.

Ce qui m'a d'abord fascinée chez CN Ledoux, c'est le style absolument stupéfiant et qui ne ressemble à aucun autre (sauf celui de Boullée, puis-je ajouter maintenant!) des bâtiments qu'il a imaginés. A une époque de mon adolescence où je cherchais de l'inspiration pour imaginer la maison de mes rêves, ses planches (photocopiées dans un ouvrage trouvé à la bibliothèque) m'ont longuement fait rêver.
Ce n'est que plus tard que j'ai découvert son œuvre littéraire, qui a été éditée en 1804 deux ans avant sa mort ; les éditions Hermann en ont édité en 1997 un fac-simile que j'ai dans mes rayonnages. Si j'ai parlé plus haut d'un texte à l'état de brouillon, c'est qu'on a du mal à le suivre. Il n'y a pas de chapitres, si ce n'est des titres de planches, mais le texte qui suit ne correspond pas toujours exactement à la planche. Le texte semble être construit selon le fil de sa pensée et sans ordre clair. Il saute sans cesse de descriptions précises de bâtiments qu'il a conçus à des tirades poétiques ou morales évoquant la vie dans sa ville idéale. Face à une telle écriture et à une telle personnalité, il ne faut pas essayer de comprendre à tout prix, mais se laisser emporter par ses élans. Alors, derrière le fouillis des mots, on voit se dresser un homme qui croyait vraiment au progrès de l'Humanité – beaucoup d'Européens y croyaient sincèrement en cette fin de XVIIIe s. : qu'avons-nous fait en deux petits siècles pour qu'aujourd'hui l'Humanité soit redevenue aussi, voire encore plus désabusée qu'aux temps antiques et médiévaux? – , et qui croyait, avec un orgueil naïf, que l'architecture et en particulier la sienne pouvait apporter aux hommes le bien-être, la morale, la concorde, le bonheur...

Mais ne terminons pas cet article sans découvrir l'art de Ledoux, car je pense que je vous ai mis l'eau à la bouche! Pour son œuvre architecturale (réalisée ou projetée), un simple « Claude Nicolas Ledoux » tapé dans un moteur de recherche d'images vous donnera une idée de l'audace et de la beauté de ses conceptions. Quant à son œuvre littéraire, il est dur de choisir! J'ai finalement opté pour un passage où l'on trouve à la fois son style lyrique, ses considérations morales et sa description d'un bâtiment :
« Maison des commis employés à la surveillance.
Déjà le roi des saisons réjouissait l'univers ; son trône décorait majestueusement le cercle écliptique ; les Heures sortaient de leur retraite, et se tenant par la main, provoquaient, au son des instruments, la gaieté du matin. Les fleurs, les plantes aromatiques distribuaient leurs parfums, et le dieu bienfaiteur régénérait la terre. L'aurore vacillante déployait un jour incertain sur le fond du tableau, lorsque j'aperçus un édifice qui, par son étendue, ne pouvait prétendre à de grands effets ; le point de vue était un peu éloigné ; cependant on avait invité les ombres à noircir les surfaces qui en étaient susceptibles. On avait approfondi un porche pour protéger les murs du second plan contre les souffles pénétrants du nord. On voyait des bossages rustiques et additionnels aux forces ordinaires ; des colonnes d'une proportion courtes faisaient oublier les pertes de l'écartement, et l'art s'enorgueillissait de ces contours outrés (c'est toujours le voyageur qui parle). J'ignore le prestige qui fascinait ma vue, mais ce genre de construction me plaisait. La pierre, la brique, m'offraient des tons variés, et la masse entière était en opposition avec des arbres verts, des arbres à fruits ; alors les plaisirs étaient purs, les peines légères ; l'âme encore dans le sommeil de la candeur méprisait les vanités ; l'amour ignorait les maux qui le suivent ; l'hymen, les dégoûts qui le fatiguent. O! délires impuissants qui applaudissez de tout, parce que vous ignorez tout, prolongez les chimères consolatrices de l'école, ce n'est que là où l'imagination n'est point enchaînée.
La coupe indique la hauteur des planchers. »
Claude Nicolas Ledoux, L'architecture
considérée sous le rapport de l'art, des meurs et de la législation, p. 204-206


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dimanche 30 janvier 2011

Le printemps des Romains

Si vous avez, comme moi, un balcon, voire un jardin, vous aurez sans doute remarqué cette semaine, alors que le temps ne s'est pas radouci (au contraire!), une multitude de fraîches petites pousses vertes qui pointent leur nez droit vers le ciel.
Je n'ai pas manqué d'être frappée, quand j'ai fait cette observation, par une coïncidence singulière, mais loin d'être fortuite. Vous savez que je vis avec mes élèves au rythme du calendrier romain (cf. http://cheminsantiques.blogspot.com/2010/11/halloween-chez-les-romains.html). Or, précisément, cette semaine, du 24 au 31 janvier, les Romains fêtaient les Paganalia, une fête des semailles pour protéger les tendres pousses qui pointent en janvier, avec sacrifices à Tellus, la divinité de la Terre et à Cérès, la déesse de l'agriculture. Et le 7 février, une semaine plus tard, était considéré par eux comme le premier jour du printemps, pour les mêmes raisons.
Vous aurez donc une pensée pour les Romains, ce week-end, en faisant l'inspection de vos jardinières...


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