mardi 3 novembre 2009

Les aventures de douze compagnons

Vous vous souvenez de mon article déjà ancien sur les jours de la semaine (cf. http://cheminsantiques.blogspot.com/2007/03/il-tait-une-fois-sept-dieux-qui-se.html). Je concluais sur le symbole très fort que constitue l'origine de ces noms puisque qu'ils ont à la fois une origine gréco-romaine et une origine judéo-chrétienne, comme notre culture européenne...
On retrouve un semblable mélange dans les noms des douze figures des jeux de cartes français.

Je vous les rappelle pour mémoire :
Dans l'ordre « cœur, carreau, pique, trèfle » :
  • Rois : Charles, César, David, Alexandre
  • Dames : Judith, Rachel, Pallas, Argine
  • Valets : Lahire, Hector, Ogier, Lancelot

Note : Les valets ne sont pas des valets de pied! Au Moyen Age, on nommait ainsi un jeune homme, qui n'était pas encore fait chevalier.

Je pensais vous régaler d'un petit historique sur les origines de ces noms, mais j'ai trouvé de nombreux sites et blogs qui en parlent. Les plus complets sont:
et

Vous y apprendrez notamment que ces noms cachent des « clés » pour des personnages de l'entourage de Charles VII au XVe s. (par exemple, Pallas, c'est-à-dire Pallas Athéna, la déesse grecque de la sagesse et de la guerre, représenterait Jeanne d'Arc).

N'étant pas une passionnée du XVe s. français, cette lecture m'intéresse beaucoup moins que la lecture littérale de ces noms, qui fait apparaître trois personnages de la Grèce antique (Pallas, Hector et Alexandre), un personnage de la Rome antique (César) et l'anagramme d'un mot latin (« Argine », anagramme de « Regina » = « reine »), trois personnages du monde biblique (David, Judith et Rachel), et quatre personnages du monde chrétien du Moyen Age au XVe s. (Lancelot, Charles, Lahire et Ogier). Et pour accentuer encore le mélange, dans chaque catégorie, on trouve à la fois des personnages imaginaires et des personnages historiques.
Ce mélange ne serait sans doute pas étranger à la mode médiévale des catalogues : bestiaires ou catalogues de nobles personnages, hommes ou femmes ; et plus particulièrement à un motif que j'ai découvert ici :
le motif des neuf preux. Les auteurs s'amusaient à regrouper trois preux du monde païen, trois du monde biblique et trois du monde chrétien. Or, les trois héros païens sont Hector, Alexandre et César ; parmi les trois héros bibliques on trouve David et parmi les chrétiens Charlemagne (et aussi le roi Arthur, qui est bien proche de Lancelot). Des listes de neuf preuses circulaient aussi, et on y retrouve Judith.
Notons d'ailleurs qu'on retrouve aussi dans les preuses païennes ma chère Sémiramis.
Mais revenons aux cartes. On aurait pu avoir, en s'inspirant de ce modèle des neuf preux, des regroupements par couleurs. Par exemple, les personnages grecs en cœur, les bibliques en carreau, les romains en pique et les chrétiens médiévaux en trèfle. Or rien de tout cela ; au contraire, il n'y a pas deux personnages issus d'une même culture dans chaque couleur!

Encore une fois, le pourquoi de la question ne m'intéresse guère ici. Je trouve seulement que ce mélange fabuleux est une formidable incitation à l'imagination. Je me plais ainsi à imaginer David et Alexandre concourant pour l'exploit le plus glorieux, abattre Goliath à la fronde ou trancher le nœud gordien ; Judith et Pallas papotant, tenant en main, l'une la tête d'Holopherne, l'autre celle de la Gorgone Méduse ; ou encore Lancelot amoureux fou de Rachel, au lieu de Guenièvre...


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